Les utopiques n°12 – Pour une protection sociale du 21ème siècle
Compte tenu de l’actualité, nous mettrons en ligne dans les prochains quelques textes de ce numéro sur le site www.lesutopiques.org
Le numéro 12 de nos Cahiers de réflexion est en plein dans l’actualité, même si la protection sociale -thème de ce numéro- ne se limite pas à la retraite – sujet toutefois largement traité. Comme indiqué dans l’édito, ” Il s’agit de proposer une boussole pour la formation d’un nouveau modèle social, en matière de retraite, de santé, de perte d’autonomie, de lutte contre la pauvreté, de protection sociale : une Sécu démocratisée, socialisée, autogérée, accessible à tous et toutes! L’objectif doit être de permettre à chacune et à chacun de se dégager des insécurités sociales pour gagner en autonomie et en émancipation.”
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EDITO
« La Sécu! On s’est battu pour la gagner! On se battra pour la garder!»
La Sécurité sociale est un enjeu politique, tout comme les services publics, tout comme le droit du travail. Le capitalisme, après avoir concédé certains reculs, s’y est attaqué. La mise en concurrence, entre les peuples et au sein des peuples,est la règle. L’élargissement des précarités en est, à la fois, une des conséquences et le mode de gestion dont a besoin le système pour continuer à exister. En France, la réaction a pris la forme d’une revanche sur 1945, comme l’exprimait Denis Kessler, vice-président du Medef en 2007.
Nous vivons une phase de grande insécurité sociale, organisée par les profiteurs du système, les exploiteurs de notre classe sociale. Dans ce cadre, la Sécu illustre une résistance collective et solidaire à abattre! Cet ouvrage éclaire les causes de ces attaques et propose des pistes de résistance. Le choix a été fait de contribuer à la redéfinition d’une ambition collective en matière de sécurité sociale, en proposant des outils pour élaborer l’architecture d’une Sécu du XXI e siècle. En partant des conquêtes du siècle précédent, mais sans les enjoliver, sans les mythifier. Non, notre Sécurité sociale n’était pas le socialisme; la gestion des Caisses par quelques centrales syndicales n’était pas l’autogestion; les inégalités de genre ou vis-à-vis des immigré.es n’ont jamais été résolues par la Sécu. Être lucides sur le passé nous rend plus fort.es pour construire l’avenir!
Ce numéro est divisé en trois parties.
La première partie revient sur l’histoire de la protection sociale en France. Elle montre que la protection sociale est l’aboutissement d’un long chemin, une lente avancée sociale puis une succession de reculs. Un éclairage particulier est donné sur la période 1944-1945 pour illustrer l’aspect décisif et novateur de ce qui a été mis en place, dans la suite du programme du Conseil national de la Résistance. L’histoire d’un régime spécial est racontée. Celle de la grève de 1995 est aussi abordée.
La deuxième partie présente l’état de la Sécurité sociale aujourd’hui. On y lira comment s’exercent l’emprise idéologique réactionnaire et la domination des détenteurs de capitaux qui visent à détruire la protection sociale solidaire au profit d’un système assurantiel privé. On y abordera le fameux, et fort contestable, «trou de la Sécu». Mutualité, politique familiale, assurance-chômage et perte d’autonomie font l’objet d’articles particuliers; tout comme le principe de la retraite à points. Palestine, Grèce et Brésil nous offrent un aperçu international.
Enfin, la troisième partie présente une diversité d’approches dans la recherche d’une amélioration, d’un renforcement et d’un élargissement de la Sécurité sociale. Notre histoire est un point d’appui, à l’image de la déclaration de l’Organisation international du travail en 1944. La revue Fracture des années 1980, avec son alléchant, ambitieux et fort tentant sous-titre «santé, critique-pratique, autogestion», aussi. Définir nos besoins, et donc nos exigences, est indispensable: c’est ce que nous esquissons à propos de la proximité sanitaire, de la médecine de service public, de la prévention, de droits égaux pour tous et toutes. Bien entendu, l’ensemble doit se concevoir dans une perspective féministe.
Il s’agit de proposer une boussole pour la formation d’un nouveau modèle social, en matière de retraite, de santé, de perte d’autonomie, de lutte contre la pauvreté, de protection sociale: une Sécu démocratisée, socialisée,autogérée,accessible à tous et toutes! L’objectif doit être de permettre à chacune et à chacun de se dégager des insécurités sociales pour gagner en autonomie et en émancipation.
Hors dossier, comme il l’avait fait pour les deux premiers tomes, Alain Bihr nous livre quelques «bonnes feuilles» du troisième et dernier tome de son œuvre monumentale, Le premier âge du capitalisme.