Les couleurs des Gilets jaunes
Sur les barrages1 établis à partir de mi-novembre, on ne parle pas que du prix de l’essence ou des taxes : l’augmentation des salaires, pensions et minimas sociaux est revendiquée, les inégalités sont dénoncées, la scandaleuse répartition des richesses et les privilèges de celles et ceux qui exploitent le travail d’autrui sont décriés. Des débats s’amorcent sur les transports collectifs, leur amélioration, leur gratuité. De même, à propos des services publics à maintenir et à créer. Ou encore sur le rôle de l’impôt, les vols d’argent public que commettent les plus riches grâce aux fraudes fiscales, la suppression de l’impôt sur la fortune …
L’augmentation annoncée du prix du carburant s’ajoute à bien d’autres : produits alimentaires, logement, gaz, électricité, Contribution sociale généralisée (CSG). Toutes ces hausses de prix, qui touchent des produits ou services de première nécessité, ont des conséquences bien plus importantes pour celles et ceux qui gagnent peu, que pour les plus riches. Alors, comme l’écrivait l’Union locale Solidaires Comminges (Haute-Garonne), dès le 31 octobre, dans un tract sur le mouvement à venir : « pendant que le gouvernement nous fait les poches, la petite minorité qui profite du travail d’autrui (patrons, actionnaires, rentiers) ne cesse de s’enrichir toujours plus. C’est à cela qu’il faut s’attacher : les inégalités criantes qui fondent le système en place. Pour l’heure, il n’y a aucune raison que les salarié.es, les chômeurs et chômeuses, les retraité.es, les jeunes, ne puissent plus remplir leur réservoir, quand les profiteurs hésiteront entre plusieurs voitures pour aller rejoindre leur yacht ! »
Oui, il faut moins de voitures ! Il est nécessaire de s’attaquer à la pollution, de diminuer les gaz à effet de serre, de réduire le nombre de véhicules automobiles. Et il y a urgence pour l’avenir de la Terre ! Mais, pour cela, il faut développer les transports collectifs et notamment les moins polluants comme le train, il faut renforcer les services publics de proximité, en ville et à la campagne. Le gouvernement fait tout le contraire : suppressions de gares, de lignes de dessertes SNCF, fermetures d’hôpitaux, de postes, de structures scolaires, etc. Pour limiter le nombre de kilomètres à faire en voiture, il faut des transports collectifs de qualité accessibles à tous et à toutes, des services publics dans tous nos territoires ! Ce sera plus efficace que l’augmentation du prix du carburant pour celles et ceux qui n’ont pas d’autres choix que la voiture pour aller travailler, chercher du boulot, remplir des obligations de la vie quotidienne.
Le peuple ! Au secours ?2
Voilà qui pourrait résumer l’attitude de nombreuses forces syndicales et politiques3 lors de l’irruption des Gilets jaunes4. Certes, l’extrême-droite est à la manœuvre depuis le début ; mais lui laisser la place au sein d’un tel mouvement de masse eut été catastrophique. Des patrons soutenaient le 17 novembre ; dès le lendemain, ils réclamaient « un retour à la normale » : pas question de mettre en danger leurs bénéfices ! En réalité, ce sont « celles et ceux d’en bas » qui se révoltent ; et les femmes y sont très présentes … plus que dans bien des actions que nous organisons.
Un grand nombre de revendications correspond à ce que nous défendons, notamment à travers nos syndicats. Quelques-unes sont contradictoires avec nos combats : c’est par la discussion que nous pourrons convaincre qu’elles mènent à des impasses. Cela suppose d’être partie prenante du mouvement, pas de le commenter de l’extérieur ! Nous sommes pour que les négociations se fassent sous le contrôle direct de celles et ceux qui les ont permises par leur action : les Gilets jaunes qui ne veulent discuter avec le gouvernement que si tout est retransmis en direct nous donnent matière à relancer cette pratique ! Dans les barrages, la légitimité des délégations est discutée. Fédéralisme, assemblées générales, mandats limités et contrôlés, convergence des luttes… Sans utiliser notre langage militant, c’est de cela dont il est question. Et en pratique !
Que les soutiens … soutiennent et ne tentent pas de diriger ! L’action directe et l’autonomie du mouvement sont les meilleurs remparts contre la récupération. Ce sont aussi des facteurs déstabilisants pour des organisations qui acceptent ou subissent les pressions institutionnelles. Voilà l’occasion de rediscuter du temps consacré à l’activité de terrain, à la réflexion, à la construction de nos outils, et d’autre part aux réunions décidées par les patrons ou les pouvoirs publics, aux séances où on mime la démocratie ou à la perpétuelle préparation des prochaines élections qui n’organisent en rien la rupture avec le système.
Celles et ceux qui ont animé des grèves savent que les mouvements les plus forts sont ceux où s’impliquent des collègues qui jusque-là n’ont jamais fait grève, des collègues qui votent à droite ou pire, des collègues pour qui l’antiracisme ou le féminisme ne sont pas des références. C’est le moment de lutte commune, le partage d’expérience, parfois la confrontation, qui nous font avancer.
L’extrême-droite
Bien entendu la réalité est plus complexe que les simplifications auxquelles nous avons trop souvent recours. Bien sûr, l’extrême-droite a tenté d’infiltrer le mouvement, mais n’a-t-elle pas tenté d’infiltrer des syndicats, y compris les plus combatifs ? Le pire eu été de lui laisser la place. Sur les ronds-points comme dans les manifestations du samedi, les militantes et militants syndicaux ont largement contribué à la combattre. Cela a pu se faire efficacement, parce que des camarades étaient pleinement impliqué.es dans le mouvement : ainsi, ils et elles ont pu expliquer, démontrer et convaincre ; il ne s’agissait pas de donner de leçons de purisme, de l’extérieur. Même chose vis-à-vis des propos racistes, homophobes ou sexistes (qui ne sont pas l’apanage de l’extrême-droite) : comme dans tous les mouvements de masse (y compris les grèves en entreprises dès lors qu’elles ne sont pas le fait des seul.es militants et militants), cela existe et pour les contrer il faut être présent.e !
Les violences
La violence de certaines manifestations fait l’objet de nombre de commentaires. Oui, il y a eu des violences inutiles, mais il n’est pas question de les mettre à égalité avec la violence d’Etat, particulièrement importante depuis la mi-novembre. Et puis, qu’est-ce que la violence ? Des vitrines cassées, des barricades dans les rues ou des milliers de personnes qui crèvent de froid ou de faim quand « tout est normal » ? La plus grande violence, celle qui est le fait d’un système, celle qui est dûment réfléchie, est celle de l’Etat. Mutilations, blessures graves, arrestations violentes et arbitraires se comptent par milliers. Comme dans l’après Mai 68, la bourgeoisie ressort une loi « anticasseurs », qui permet de criminaliser toutes résistances, manifestations, désobéissances. L’ordre – leur ordre – doit régner, quel qu’en soit le prix. Bien au-delà des cercles militants, beaucoup de Gilets jaunes en font l’expérience depuis 6 mois.
Le patronat
Une petite partie du patronat a appuyé le démarrage du mouvement … mais a désapprouvé bien vite sa continuité. Très rapidement, il est apparu que l’immense majorité des Gilets jaunes fait partie du prolétariat : des personnes qui n’ont que leur « force de travail » à vendre, qui ne possèdent rien des moyens de production. Ceci dans sa diversité : salarié.es en CDI mais surtout en CDD, en intérim, au chômage, en retraite ; Ajoutons-y quelques auto-entrepreneurs condamnés à s’auto-exploiter, quelques paysan.nes pauvres, parfois des artisan.nes… A défaut d’avoir ainsi une classe sociale homogène correspondant à tous les critères préétablis, on a un mouvement populaire dont l’ancrage principal est le prolétariat de ce début de 21ème siècle.
Le patronat n’a pas manipulé le mouvement des Gilets jaunes ; c’est certain. Tout est aussi sûr, est qu’il se sort particulièrement bien de ces six mois de lutte ! Les revendications se sont concentrées vers le gouvernement ; les reproches et dénonciations ont ciblé « la classe politique ». Ce qui a mis le feu aux poudres étaient des annonces gouvernementales (prix de l’essence, etc.) ; les discussions sur la démocratie sont venues en écho au mépris perçu de la part de la majeure partie des « hommes et femmes politiques ». Ceci explique cela ! Mais, il n’en reste pas moins que c’est là une faiblesse d’ampleur du mouvement : même quand la question du partage des richesses est posée – et elle l’est souvent – c’est en oubliant le vol commis par celles et ceux qui profitent du travail des autres : patrons, banquiers et autres rentiers. Même quand le sujet « démocratie » est travaillé en profondeur – et il l’a été très largement et utilement – c’est en occultant la démocratie de l’entreprise, donc la propriété sociale des moyens de production, leur autogestion par toutes et tous, etc. C’est une marque de la faiblesse du syndicalisme dans ce mouvement.
L’exercice de la démocratie
L’exercice ou les exercices ? Inventer et pratiquer la démocratie à grande échelle oblige sans doute à imaginer des solutions différentes et complémentaires, selon qu’on parle du collectif de travail, de communes fédérées, d’une production sur le plan national ou encore de l’utilisation des richesses naturelles. Si l’assemblée générale est le principe de base, comment en assurer l’émanation dès lors qu’il s’agit de se fédérer ? Mandats impératifs, contrôlés, révocatoires, tirage au sort, vote ou consensus… La solution est dans la complémentarité des méthodes, pas dans la recherche de « la » solution miracle, applicable à tous les périmètres et tous les sujets. Beaucoup de groupes de GJ ont travaillé sur ces thèmes et d’autres (dont le referendum). Les « assemblées des assemblées » de Commercy puis de Saint-Nazaire en sont une illustration. Mais gardons-nous de deux écueils : elles ne sont pas représentatives de l’ensemble du mouvement, les textes qui en sont issus ne sont pas une référence pour bien des groupes locaux ; à l’inverse, la démocratie en actes est présente depuis novembre dans nombres de villes, villages, quartiers ! Là encore, notre syndicalisme a toute sa place5 !
Les pathétiques tentatives de listes électorales Gilets jaunes montrent que le système demeure un aimant fort pour celles et ceux que les médias s’empressent de nommer « leaders ». Mais leur rejet par la masse des GJ confirme que d’autres choix et espoirs sont possibles et largement partagés. La contribution des GJ au renouveau du débat sur la démocratie, et surtout à son enracinement dans de larges couches de la population, est indéniable. Mais ils et elles redécouvrent aussi des choses auxquelles le mouvement ouvrier s’est confronté depuis longtemps. Une des résolutions de l’assemblée de Saint-Nazaire prévoyait par exemple « une semaine jaune d’actions à partir du 1er mai ». La couleur mise à part, voilà qui rappelle le langage syndical le plus traditionnel…
Le syndicalisme
Le mouvement montre l’exaspération profonde de millions de personnes qui ont occupé les ronds-points, les péages, les zones commerciales puis ont manifesté les samedis après-midi dans toute la France. Nationalement, les organisations syndicales sont restées dans l’expectative6 pendant un temps long. L’Union syndicale Solidaires est passée d’une certaine réserve à un début de soutien, après les premiers samedis ; quelques Unions locales Solidaires s’étaient mises à disposition du mouvement début novembre, avant le positionnement national. Côté CGT, il fallut attendre presque un mois. Le 6 décembre, la CGT cosignait un communiqué (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC, UNSA, FSU) où est mis en avant la condamnation de la violence des manifestations, sans un mot sur celles de l’Etat, sa police et son armée ; comme si la violence n’était pas avant tout sociale et due aux politiques menées depuis des années7 ! Quelques jours plus tard, elle appelait à des journées d’action8 avec une référence appuyée aux GJ.
Le mouvement de GJ affirme haut et fort qu’il ne souhaite aucune récupération, ni politique ni syndicale. La méfiance est forte à l’égard de ce que la « novlangue9 » nomme les « corps constitués10 ». Des organisations syndicales11 situent leur stratégie dans l’accompagnement des politiques néolibérales et de ce fait récusent toute possibilité de soutien à un mouvement qui conteste les choix que ce/ces syndicats ont défendu. Mais comment comprendre les difficultés rencontrées par celles qui nous intéressent ici ? Quelques éléments peuvent être avancés :
- L’essentiel des entreprises en France a moins de 20 salarié.es ; le mouvement syndical n’arrive pas à s’y ancrer. De même, vis-à-vis de la masse des chômeurs et chômeuses, des intérimaires, des CDD, des uberisé.es de toutes sortes… On les retrouve en nombre dans les Gilets jaunes.
- Ce qui s’est passé depuis novembre dans quasiment tout le territoire n’a pas de rapport avec … ce qui ne s’est pas passé à Paris et en proche banlieue. Le mouvement des GJ n’est pas là où sont concentrés les sièges nationaux des organisations syndicales ; et si le fédéralisme est la règle, il n’en reste pas moins que nombre de décisions se prennent sur la base de réflexions liées au terrain le plus connu, en l’occurrence parisien. De ce point de vue, la quasi-inexistante de collectifs GJ durant de nombreuses semaines et les particularités des manifestations parisiennes hebdomadaires12 ont contribué aux positionnements connus13.
- Ce mouvement se passe hors les entreprises. La faiblesse des Unions locales interprofessionnelles n’a pas aidé à ce que les collectifs syndicaux l’appréhendent correctement. D’autant que, comme évoqué précédemment, il y a un problème dans les exigences qui s’expriment : même si quelques revendications réactionnaires ont assez rapidement disparu, même si ce qui se discute dans nombre d’assemblées générales de GJ est un autre partage des richesses, une remise en cause du système capitaliste, l’égalité sociale, la démocratie radicale, il n’en reste pas moins que le patronat est fort peu interpellé. C’est une des raisons des absences syndicales, mais c’en est aussi la conséquence.
- Y compris lorsqu’elles ont décidé de soutenir les GJ, nombre d’organisations syndicales l’ont fait de manière peut être inappropriée : au lieu d’appeler les GJ à rejoindre les mobilisations syndicales, ne fallait-il pas que le syndicalisme se mette au service du mouvement déjà existant ?
Une partie non négligeable des difficultés à se positionner concrètement vis-à-vis du mouvement des GJ est sans doute liée à l’appréhension à agir en tant que force collective sociale et politique, politique et sociale. Car c’est un tout, et l’organisation syndicale, par son caractère de classe inhérent à sa composition, est un outil indispensable pour agir sur ces terrains. Ecrit fin avril, ce court texte ne prétend à nulle exhaustivité ; on se pourra se référer avec profit à d’autres sources : par exemple, d’autres textes de ce numéro 11 de la revue Les utopiques, « Gilets jaunes : un mouvement social » ou Des clés pour comprendre (deux tomes)14.
AVEC NOS EXCUSES (15)
Si j’étais un gilet jaune, je présenterais mes excuses au mouvement ouvrier. En moins de trois mois notre mouvement n’a pas su résoudre la crise programmatique et organisationnelle du mouvement d’émancipation. Nous n’avons pas su faire fructifier les acquis historiques de la Première Internationale, les expériences (défaites) de la Commune de Paris et de la révolution russe, celles du Front populaire et de Mai 68. Oui, c’est vrai, l’extrême-droite s’est infiltrée dans notre mouvement et tente d’imposer son agenda contrairement aux partis et syndicats totalement immunisés contre ce danger et qui n’ont jamais connu de dirigeants en leur sein qui ont sombré dans la collaboration avec l’occupant nazi ou plus récemment de noyautage de leurs organisations. Il est vrai que sur des piquets de grève que vous organisez, nous n’avons jamais entendu de remarques sexistes ou racistes. Oui, je demanderais de l’indulgence car nous n’avons pas élu de secrétaire général et nous n’avons pas voulu construire une organisation pyramidale de notre mouvement ce qui a certainement nui à notre efficacité. Nous ne sommes pas dotés de service d’ordre (d’ordre… mais lequel?). Pire, nous n’avons pas déposé de déclarations de manifestations et nous avons librement choisi les lieux de nos rassemblements. À Paris, nous avons choisi des quartiers bourgeois, car ces espaces ségrégués nous appartiennent aussi et nous nous sommes écartés du trajet processionnel République-Bastille. Irresponsables, nous avons déclenché une crise sociale et politique sans vouloir ouvrir de négociations sous les lambris dorés des ministères. Nous avons accéléré la crise sans fin de la V e République et contesté la démocratie représentative au profit de la démocratie directe. Nous avons ouvert nos propres parlements autour des ronds-points et décrété la délibération permanente sans respect pour le calendrier électoral alors que beaucoup veulent nous ramener dans une file d’attente devant le bien-nommé isoloir. Et pour tout cela, si j’étais un gilet jaune, je dirais humblement: «Excusez du dérangement!»
Patrick Le Tréhondat
1 Rapidement, les barrages deviennent occupation de ronds-points, ouverture de péages, parfois « maisons du peuple », …
2 Ce paragraphe est la reprise d’un texte écrit fin novembre 2018, pour le mensuel Cerises. D’autres éléments du présent article sont également parus dans ce journal qui est en lien avec le Réseau Se fédérer pour l’émancipation (www.ceriseslacooperative.org)
3 Sont ici évoquées, les organisations qui, dans leur diversité, se situent dans une perspective émancipatrice de rupture avec le système capitaliste.
4 Indifférence, analyse erronée, voire mépris : les communications de certaines organisations syndicales et politiques de gauche et extrême-gauche, antérieures à la réussite du 17 novembre, sont affligeantes.
5 Voir notamment Les utopiques n°10, « Sur les chemins de l’émancipation, l’autogestion », Editions Syllepse, printemps 2018.
6 Nous citons la CGT et Solidaires, mais la FSU ou la CNT ont été très discrètes vis-à-vis de ce mouvement ; la CNT-SO a pris position pour le soutenir en janvier.
7 Des organisations CGT (Unions départementales et fédérations) ont désapprouvé le texte signé par la confédération et se sont impliquées à partir de début décembre dans le mouvement.
8 Le 14 décembre, et plus encore le 18, n’ont guère été des succès ; mais on ne peut reprocher à la confédération CGT d’avoir tenté d’impulser une dynamique ; en revanche, peut-être y-a-t-il à discuter le rapport entre ces appels assez incantatoires (l’opération sera renouvelée le 5 février et dans une moindre mesure le 19 mars) et les difficultés du militantisme syndical quotidien dans les entreprises, services et localités, ou encore l’état des démarches unitaires ? Deux éléments déterminants pour réussir des grèves.
9 La novlangue néolibérale ; la rhétorique du fétichisme capitaliste, Alain Bihr, Co-éditions Page 2 (Lausanne) et Syllepse (Paris), 2017.
10 Depuis des années, la propagande d’Etat et patronale assimile les syndicats à ces « corps constitués », également nommés « corps intermédiaires ». Ce qu’ils ne sont pas : le syndicat, c’est le regroupement de travailleurs et de travailleuses, quels que soient leur statut et activité, qui s’organisent pour défendre leurs revendications et changer la société ; il n’est pas question là-dedans de faire les intermédiaires, de gérer l’ordre capitaliste, etc. Evidemment, nous savons que la novlangue s’appuie, pour imposer ses termes, sur les choix faits par beaucoup d’organisations syndicales qui, réellement, s’institutionnalisent ; et ce n’est pas là une question de « base » ou de « sommet ».
11 A des degrés divers, il s’agit de la CFDT, l’UNSA, la CFTC ou la CGC.
12 Y compris, la place tenue par des groupes d’extrême-droite.
13 Cela n’excuse pas les premières expressions de certaines organisations politiques particulièrement méprisantes pour la population qui se révoltaient.
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