Faut-il en faire des caisses ?
La solidarité financière a toujours été une pratique du mouvement ouvrier. L’Association internationale des travailleurs (AIT), créée en 1864, s’en est souciée d’emblée. La charité était exclue, étant donné son caractère religieux ; tout comme le recours à l’impôt car il signifiait s’en remettre à l’Etat pour gérer ce qui ne devait concerner que la classe ouvrière. La banque coopérative du Crédit au Travail fonctionne dès 1863 et jusqu’en 1868. Le mouvement s’élargit rapidement à d’autres coopératives de consommation et de production, sous l’impulsion de militants internationalistes. Eugène Varlin par exemple joue un rôle important dans la création de la coopérative de consommation « La ménagère », puis du restaurant coopératif « La marmite ». Ces expériences construisaient la solidarité ouvrière, très concrètement ; elles s’inscrivaient dans l’action politique et revendicative de la classe ouvrière, y compris en aidant à « tenir » durant les grèves. Elles seront anéanties avec la Commune, en 1871. Les communard.es en exil furent aussi l’objet d’une solidarité financière organisée. Les sections de l’AIT recouraient aux souscriptions lors de grandes grèves. Au fil du temps, avec l’organisation autonome des travailleurs et des travailleuses – le syndicalisme- on passe de caisses de secours à des caisses de résistance. La solidarité est une valeur hautement revendiquée, mais c’est aussi un outil dans la lutte qui oppose la classe ouvrière à celle des exploiteurs.
CONSTRUIRE LA SOLIDARITÉ FINANCIÈRE : UNE RÉFLEXION INTERPROFESSIONNELLE
Alors que des milliers de salarié.es, essentiellement de la SNCF et de la RATP, en enchaîné plus d’un mois de grève en décembre/janvier, la question de la solidarité financière a occupé une place de plus en plus importante dans les débats et les publications militantes. D’une certaine manière, c’est bien normal puisque ce sujet était de plus en plus d’actualité pour les camarades directement concerné.es. Il l’est toujours, pour celles et ceux qui ont accumulé les journées de grève, pas forcément reconductible, durant le premier trimestre 2020. Mais justement, ce qui aurait vraiment été d’actualité c’est de pouvoir verser à ces moments-là une somme qui corresponde à une aide substantielle à chacun et chacune, sur des bases connues de tous et toutes ; et non d’annoncer des sommes globales sans effet concret pour l’immense majorité des grévistes ; et non de discuter, après un mois de grève ou plus, de comment faire pour avoir les caisses de grève que nous n’avons pas mises en place malgré les bilans des précédentes luttes.
Car il en est de la solidarité comme de tout ce qui touche à la grève : c’est bien avant le mouvement, dans la durée, que ça se prépare et se construit. Vouloir la grève générale mais ne (re)découvrir les liens interprofessionnels qu’au moment de la grève, c’est prendre les moyens de ne pas réussir. Il en est de même pour les caisses de grève : ne se (re)poser la question de leur existence, et des montants disponibles, que lorsqu’arrive un mouvement manque d’efficacité. Pourquoi ? Très pragmatiquement, parce qu’il n’est plus temps de récolter les sommes qui seraient nécessaires à un minimum de solidarité partagée, accessible à tous et toutes les grévistes.
Il y a deux types de caisses de grève. Tout d’abord, il y a celles mises en place à l’occasion d’un conflit, dans un périmètre relativement restreint : une entreprise locale, un service d’une entreprise plus vaste, une localité, etc. Ce type de caisse présente plusieurs aspects positifs. Le contrôle en est assez aisé, réalisé via l’assemblée générale des grévistes qui en ont acté la création (et/ou le comité de grève, et/ou les syndicats). Outre le contrôle, la répartition des fonds peut être décidée par les grévistes eux-mêmes et elles-mêmes. L’aspect local permet aussi une dynamique autour de la caisse de grève : collectes publiques, sollicitations du voisinage, repas solidaires, etc. A toutes les étapes, les grévistes prennent ainsi leurs affaires en mains ; la caisse de grève est, de fait, autogérée. Les sommes restent souvent assez limitées mais peuvent permettre une aide non négligeable parce que le nombre de grévistes est aussi relativement réduit. L’aspect négatif, non anodin, est que, s’agissant uniquement d’initiatives locales, cela laisse de côté les grévistes qui sont dans des endroits où ce n’est pas fait. Autre point faible : les sommes collectées seront très différentes selon la notoriété de la grève ou le niveau de rémunération du milieu. Par exemple, l’entourage de nettoyeurs et nettoyeuses en grève amènera probablement moins d’argent que celui de chercheurs et chercheuses en lutte. Pour être plus clair : cela fonctionnera d’autant mieux pour chaque caisse que celles-ci ne seront pas nombreuses : un même conseil municipal, un même commerçant du coin, la même personne sollicitée sur le marché, etc., ne donneront pas dix fois plus s’il y a dix caisses de grève qui les sollicitent au lieu d’une. C’est évidemment un souci dès lors qu’on veut s’attaquer à la question de manière globale.
L’autre possibilité est d’avoir une caisse dans la durée. Que ce soit sur le plan local, régional ou national, qu’il s’agisse de structure professionnelle ou interprofessionnelle, chaque collectif syndical constitué peut se doter d’un tel outil solidaire. Une part de la cotisation syndicale de chaque membre du syndicat est affectée à ce fond. En France, la seule organisation qui dispose d’une telle caisse pour l’ensemble de ses membres est la CFDT [1]. C’est le fruit d’une longue évolution, de multiples expérimentations, puisque la demande initiale est portée en 1922, au sein de la CFTC, par des syndicats du nord de la France, qui craignent des départs d’adhérent.es vers les syndicats belges, proches géographiquement, ceux-ci disposant d’un fond de solidarité pérenne. La confédération lance alors une réflexion sur une possible caisse de résistance. Des projets débattus, notamment lors de congrès confédéraux, en 1934, en 1949, en 1963. Des caisses sont mises en place dans les années 1950, par quelques Unions départementales et fédérations. En 1966, celles des cheminots, de la chimie, de la métallurgie, des mineurs, des PTT et du Nord fusionnent pour donner naissance à lune Caisse nationale d’action professionnelle. La Caisse nationale d’action syndicale (CNAS) sera créée en 1973, lors du 36ème congrès de ce qui est devenue la CFDT. Au fil des années, et des évolutions de la politique de la CFDT, sa dimension « caisse de grève » a été réduite, au profit de prestations diverses (aides juridiques, actions de proximité, frais de conseils et expertises, etc.). « La moyenne des dossiers Grève traités annuellement par la CNAS au mitan des années 1970 tournait autour de 1500 pour plus de 400 000 adhérents concernés, celle-ci est passée à une cinquantaine pour moins de 1000 adhérents indemnisés de 2012 à 2017 ; corrélativement, alors que la part des ressources consacrées à la branche Grève de la CNAS était de 84% en 1976, elle est passée à 15% suite au 48ème congrès de Marseille en 2014 » [2]. Il n’en reste pas moins que l’indemnisation partielle des grèves demeure : le taux était journalier jusqu’en 2014 (c’était alors 19 euros) ; depuis, il est horaire (actuellement, 7,30 euros pour une heure de grève). Pour un mois complet de grève à l’appel de son syndicat, un adhérent ou une adhérente CFDT toucherait 1107,16 euros. Bien entendu, l’exemple parait fort improbable aujourd’hui ; il le fut moins dans les années 1970, 1980, disons jusqu’en 1995. Si on se réfère à un texte de 1978 [3], on voit que la CNAS a alors « trois objectifs : soutenir les adhérents engagés dans les conflits du travail (grèves) ; soutenir les victimes de la répression syndicale ; aider les syndicats engagés dans des actions judiciaires pour la défense du droit syndical ». On s’en tiendra ici au point 1 de ce même texte : « la solidarité pendant les grèves et lock-out ». La règle est simple : seule la première journée d’une grève n’est pas indemnisée (« sauf si le précédent conflit date de moins de trois mois » est-il précisé). Bien sûr il faut être syndiqué.e depuis au moins six mois et ne pas avoir plus de trois mois de retard de cotisations. D’autres situations entrainant le non-paiement de l’indemnité de grève peuvent être source de réflexion au sein de nos collectifs syndicaux contemporains, par ce qu’elles révèlent d’un engagement collectif librement accepté : « reprise du travail par l’adhérent sans décision du syndicat (ou de la section) ; non-respect des consignes données par le syndicat pour le pointage de la carte de grève, l’assistance aux réunions d’information et assemblées générales du syndicat ».
Des camarades craignent une caisse confédérale, car ce pourrait être un outil pour distribuer, ou non, les ressources, selon l’alignement, ou non, sur la ligne majoritaire ; là encore, paradoxalement, l’exemple de la CFDT et de sa CNAS de 1973 permet de comprendre comment éviter cela. Il faut des règles claires, comme celles évoquées plus haut (ou d’autres) et, surtout, tout doit passer par le syndicat. Vis-à-vis de la caisse de solidarité, c’est la structure syndicale de base qui déclare la grève, qui recueille et donne la liste des membres grévistes à indemniser et le nombre de journées concernées pour chacun et chacune, qui reçoit les fonds et les répartit. Ce n’est pas « la confédération » qui décide que telle grève est indemnisable ou non. Et ce mode de fonctionnement permet aussi aux adhérent.es du syndicat de décider, par exemple, que les fonds reçus pour les « indemniser [4] » ne leur seront pas remis individuellement mais reversés dans une caisse locale créée spécifiquement à l’occasion d’un conflit. C’est ce que firent des syndicats CFDT lors de la grève des cheminots et cheminotes de décembre 1986 – janvier 1987 ou en décembre 1995 [5].
La mise en place d’une caisse de solidarité accessible à tous et à toutes suppose qu’elle soit alimentée dans la durée, régulièrement. Le plus simple, et le plus juste politiquement, est qu’une part de la cotisation soit affectée à cela [6]. Ainsi, chaque membre de l’organisation syndicale contribue selon ses moyens, puisque le montant de la cotisation est en général proportionnel à celui du salaire ; chaque membre de l’organisation syndicale bénéficie de la caisse selon ses besoins, puisque cela dépend de son nombre de journées de grève. De chacun.e selon ses moyens, à chacun.e selon ses besoins… Au fil du temps, une masse importante d’argent peut être accumulée. Car il y a un effet de seuil qui joue, dans la mesure où on parle bien de syndicalisme de classe mais aussi de masse : forcément, sur une longue période, il y a une différence entre le nombre de cotisant.es et le nombre de personnes à potentiellement « indemniser ». Le raisonnement ne vaut pas si on appelle « syndicat » un groupe affinitaire qui, par exemple, se considérerait comme une avant-garde devant être le plus souvent possible en grève, indépendamment des choix de la grande majorité des collègues ; dans ce cas, les cotisations des membres du « syndicat » à la caisse de solidarité seraient, toutes, immédiatement réinjectées pour leur propre indemnisation et il faudrait alors, sans cesse, compter sur les autres.
Dans le même ordre d’idées, il est absurde d’exiger, en plein conflit sur les retraites, que « l’intersyndicale nationale CGT/FO/FSU/Solidaires organise d’urgence un appel aux dons auprès de ses membres » pour renflouer les caisses de grève : en premier lieu, parce que, même si ce n’est pas exclusif bien entendu, les grévistes se retrouvent très majoritairement parmi ces syndiqué.es ; il faudrait donc sommer les grévistes de donner d’urgence aux caisses de grève ! Et quand les mêmes réseaux, soi-disant « radicaux », voient là l’action prioritaire du moment parce qu’« il y a mille raisons pour lesquelles on peut ne pas souhaiter se mettre en grève », le ridicule est atteint. Car c’est cela que nous devons combattre, qu’il y en ait mille ou pas : les raisons de ne pas faire grève. Si le soutien financier est pensé comme une dispense de faire grève, alors nous ne construirons pas un puissant mouvement social ; raisonner ainsi est logique pour tout « réformiste », pas pour toute personne qui prétend contribuer à une rupture avec la société actuelle. La grève, le mouvement social, l’action directe des travailleurs et des travailleuses créent une dynamique collective émancipatrice que la seule solidarité financière ne peut absolument pas remplacer.
PRIORITÉ À LA GRÉVE
Sans s’attarder sur les bêtises précédemment citées, il faut insister sur le fait que vouloir créer une ou des caisses de grève à vocation nationale, qui plus est interprofessionnelle, au moment où la grève démarre ou a démarré, tient en réalité de la propagande, sans effet concret à la hauteur des enjeux. La caisse de grève gérée par la CGT INFO COM et le syndicat Sud Ptt 92 [7] a reçu environ 3 millions ? Notons tout d’abord que la différence avec une multitude d’autres caisses lancées depuis le 5 décembre provient du fait que celle-ci perdure depuis le mouvement contre la loi Travail, en 2016. Mais qu’est-ce que 3 millions pour une caisse nationale interprofessionnelle ? Si on se rappelle qu’il y a, grossièrement, 180 000 salarié.es en cumulant SNCF et RATP, même en comptant un quart d’entre eux et elles, soit environ 45 000, les 3 million permettent d’offrir à chacune et chacun 66 euros au bout d’un mois et demi de grève et en asséchant totalement la caisse. En sachant qu’aux salarié.es de la SNCF et de la RATP, il faut ajouter celles et ceux d’autres secteurs qui sont aussi en grève ; ce qui réduit encore les 66 euros annoncés. Mais peut être que 25% de grévistes est un chiffre trop important ? Prenons alors 10% [8] ; toujours en se concentrant uniquement sur la SNCF et la RATP, en « oubliant » les autres grévistes et en asséchant totalement la caisse, on arrive à un soutien unique de 165 euros pour celles et ceux qui ont perdu un mois et demi de salaire. Une solution consiste alors à ne rien donner à la grande majorité pour concentrer sur quelques collectifs, parfois les plus proches politiquement et/ou un peu plus médiatisés que d’autres.
Mais les caisses de grève doivent-elles servir uniquement à « indemniser » les grévistes ? Si on considère que le don aux grévistes est un acte solidaire, destiné à aider la poursuite de la grève, alors il faut assumer que l’utilisation est du seul ressort des grévistes : ce sont elles et eux qui décident de leur grève ! Il n’y a rien de scandaleux à ce que ces sommes servent, peut être à un secours financier pour une partie, mais aussi à couvrir d’autres dépenses tout aussi utiles et nécessaires pour la grève : le charbon de bois du barbecue, les banderoles, etc.
Les propos ici tenus ne visent pas à rejeter toutes les initiatives de soutien financier. Mêmes très partielles, elles sont toujours très utiles. Et s’il faut lever toute ambiguïté : oui, verser de l’argent pour les grévistes, c’est mieux que l’indifférence ou l’hostilité vis-à-vis du mouvement ! Oui, les caisses de grève aujourd’hui existantes remplissent le vide laissé par les structures syndicales nationales interprofessionnelles. Les caisses de grève permettent une solidarité effective de celles et ceux qui, par définition, ne peuvent faire grève, comme les personnes en retraite ou sans-emploi ; ou encore de personnes et de collectifs d’autres pays qui marquent ainsi un soutien politique fort [9]. Mais ce n’est pas cela qui est en débat ; c’est l’efficacité pour la réussite de la grève, plus exactement l’efficacité pour gagner, faire reculer le gouvernement et le patronat, faire aboutir les revendications, avancer vers un changement radical de société. De ce point de vue, il faut le dire et le redire : ce qu’il faut avant tout, c’est généraliser la grève. Les caisses de grève ne doivent pas être conçues, présentées et vécues comme l’outil de « celles et ceux qui ne peuvent pas faire grève ». Parce que les camarades qui assument la grève, en réalité, elles et eux non plus « ne peuvent pas faire grève », ils et elles n’ont pas de ressources financières cachées et (sur)vivent, comme les autres, avec leur salaire ! Réaffirmer ceci, permet également de ramener à leur juste valeur les propos des politiciens et politiciennes qui, au nom de la réussite du mouvement en cours, ont comme proposition centrale de soutenir financièrement les grévistes : n’y a-t-il pas lieu de relativiser l’utilité de ces gens qui avouent ainsi être incapables de participer à une grève, tout simplement parce qu’ils et elles ne travaillent pas et/ou ne sont pas partie prenantes du mouvement autonome de la classe ouvrière qu’est le syndicalisme ? C’est la grève reconduite depuis le 5 décembre, préparée par le mouvement syndical, décidée et organisée par les grévistes, qui a permis les quelques reculs gouvernementaux et patronaux enregistrés (très insuffisants car ne répondant pas au problème de fond).
Priorité à la grève donc. Pas de grève par procuration. Mais cela ne signifie pas qu’il faille ignorer les difficultés à faire exister la grève dans nombre de milieux. C’est à cela qu’il faut s’atteler ; non pas en interpellant « les directions syndicales » (qui n’ont guère d’influence dans ces secteurs), mais en reconstruisant nos capacités collectives d’action, c’est-à-dire en mettant les moyens nécessaires à une présence syndicale dans les entreprises où il n’y en a plus, dans les secteurs (TPE, « auto-entrepreneuriat », « indépendants ») où cela n’existe quasiment pas ; en faisant du syndicalisme interprofessionnel local une priorité, dans les faits. Ce n’est pas l’objet de la présente contribution que de revenir en détail sur cet aspect, déjà développé dans plusieurs textes [10]. Il sera utile de reprendre ces réflexions ultérieurement, dans le cadre d’un bilan du conflit en cours.
Présentement, il s’agissait des caisses de grève, des moyens à mettre en œuvre pour qu’elles soient le plus utile possible dans la perspective émancipatrice qui nous anime, de leur apport et de leurs limites. Les deux types de caisse mentionnés plus haut jouent des rôles assez différents. Celle qu’on peut qualifier de « locale » est un des moyens de faire vivre la grève sur le terrain, de faire en sorte que les grévistes s’emparent de leur grève. En cela, elle est irremplaçable. Locale, elle n’a pas d’effet structurant en vue d’un mouvement général, national (ou plus !). Si on veut disposer d’un outil à la hauteur d’un tel enjeu, la seule solution est de le créer et le rendre pérenne ; c’est le second type de caisse de grève. Y travailler concrètement, pourrait être une des tâches prioritaires du syndicalisme de luttes, dans la foulée de ce mouvement. Voilà aussi l’occasion d’avancer concrètement dans la reconstruction unitaire : CGT, FO, Solidaires, FSU, CNT-SO, CNT, etc., faut-il y travailler chacun et chacune dans son organisation ou inventer une solution commune ? Commencer séparément, mais dans une perspective unificatrice ? C’est aussi l’opportunité de remettre le syndicalisme, en tant qu’outil d’organisation et d’autonomie de notre classe sociale, au centre des pratiques : toutes celles et tous ceux qui veulent contribuer à bâtir des caisses de grève efficaces pourront le faire en payant leur cotisation syndicale dont une part servira à cela. C’est moins médiatique que de grandes déclarations surfant sur un mouvement construit et supporté par d’autres, mais bien plus efficace pour contrer le gouvernement et le patronat, gagner et avancer vers l’émancipation sociale.
[1] Ce qui ne signifie pas que le soutien financier aux grévistes se limite à la CFDT ; loin de là ! Fond de solidarité ou caisses locales existent dans d’autres organisations, mais il ne s’agit pas de caisses nationales, interprofessionnelles et dotées de règles de fonctionnement propres.
[2] Evolutions de la conflictualité et des usages du droit à la CFDT, rapport de recherche CFDT-IRES, Vincent-Arnaud Chappe, Jean-Michel Denis, Cécile Guillaume, 2018.
[3] Extrait du livre Le syndicat, CFDT, Collection pratique syndicale, 1978.
[4] Le terme « indemniser » est celui utilisé dans les documents relatifs à la CNAS CFDT ; il semble indiquer que la grève est une sorte de préjudice à réparer ; nous ne partageons évidemment pas ce point de vue.
[5] « 1995, Victoire, défaite, perspectives… », Christian Mahieux, Les utopiques n°12, hiver 2019/2020, éditions Syllepse ; « La grève des cheminots 1986/87 vue de l’agglomération rouennaise ; une expérience d’auto-organisation », Les utopiques n°3, septembre 2016 ; « La grève des cheminots 1986/87 à Paris Gare de Lyon : le bilan de la section syndicale CFDT en janvier 1987 », Christian Mahieux, Les utopiques n°3, septembre 2016
[6] Pour reprendre l’exemple de la CFDT, 8,6% de chaque cotisation syndicale sont affectés à la CNAS ; de la même manière qu’il existe une part pour la fédération, pour l’union interprofessionnelle, etc. La CNAS dispose aujourd’hui de 126 millions d’euros.
[7] Elle est souvent présentée comme gérée aussi par la CGT Goodyear : l’usine Goodyear d’Amiens est fermée depuis 5 ans.
[8] Les écrits des groupes qui parlent le plus de caisses de grève mentionnent des chiffres de grévistes bien au-delà des 10 ou 25% ici pris comme exemples.
[9] Bien sûr, la généralisation de la grève au-delà des frontières doit être un objectif de notre pratique internationaliste ; mais ce que nous avons construit ne nous permet pas cela pour l’instant ; il faut donc continuer dans cette voie et, pour l’heure, adapter notre internationalisme à nos réalités.
[10] Notamment : « Les vertus de l’échec », Pierre Zarka et Christian Mahieux, Les utopiques n°8, été 2018 ; éditions Syllepse ; « Les lois travail dans leur monde », Christian Mahieux, Les utopiques n°6, novembre 2017 ; « Invoquer l’unité, oui … La faire, c’est mieux », Théo Roumier et Christian Mahieux, Les utopiques n°4, février 2017.
- Le Comité d’action des prisonniers et ses suites - 18 février 2022
- Après le 5 octobre - 7 février 2022
- Le Service national universel - 23 juin 2021