Eclairer la politique antisociale du FN, pour mieux combattre l’extrême droite
Dans le contexte récent de crise économique, politique et sociale profonde du capitalisme et sur fond de menace terroriste et de guerres qui déstabilisent depuis 2001 le nouvel équilibre issu de la chute du mur de Berlin en 1989, un spectre hante l’Europe : la montée des mouvements d’extrême-droite. Cette dynamique se traduit en premier lieu par un réarmement idéologique réactionnaire et xénophobe, ainsi que par une confusion politique qui brouille les repères en particulier à gauche. La victoire inattendue du Brexit et de Trump ont déstabilisé la classe politique et donné des ailes à l’extrême droite en Europe et notamment en France où, avec les élections présidentielles et législatives de 2017, le risque de la présence du Front national au second tour est important.
Convaincue que c’est la responsabilité du mouvement syndical de participer à endiguer la menace fasciste et raciste, une partie importante de celui-ci s’est impliqué dans le combat contre l’extrême droite. L’Union syndicale Solidaires participe activement à cette riposte. Elle est investie depuis plus de vingt ans dans l’association VISA1, dans la campagne unitaire « contre l’extrême droite, ses idées et ses pratiques » avec la CGT, la FSU et des organisations de jeunesse, lancée le 29 janvier 2014, et dans ses structures syndicales par des informations, formations et actions antifascistes2. L’assassinat de notre jeune camarade Clément Méric en juin 2013 a renforcé notre détermination. Comme le titre le tract Solidaires diffusé à 500.000 exemplaires : « L’extrême-droite est un danger mortel. Le FN est son venin ».
La construction du « problème » de l’immigration
Impulsé en 1972 par le groupuscule Ordre Nouveau3, le Front national permet la synthèse des différents courants historiques de l’extrême droite française : royalistes, catholiques intégristes, anciens collaborateurs du régime de Vichy, poujadistes4, militants de l’Algérie française au sein de l’OAS (Organisation Armée Secrète5), jeunes néofascistes etc. Jean-Marie Le Pen, lui-même député poujadiste de 1956 à 1962, en devient rapidement le chef autoritaire.
Les orientations économiques du parti sont alors ultralibérales.
Le premier programme économique du FN fut rédigé en 1973 par Gérard Longuet, fondateur d’Occident puis d’Ordre Nouveau, tout juste sorti de l’ENA et qui par la suite est devenu ministre de divers gouvernements de droite. La brochure « Défendre les Français », dénonçait ainsi « les tentatives de politisations générales conduites dans les lieux d’enseignement comme dans les entreprises ou les services communaux », et défendait les PME, les petits commerçants et les « libertés syndicales6 ». Quant à Le Pen, il stigmatisait « l’Etat pléthorique et impuissant », et en 1980, il saluait l’élection de Reagan, à l’époque où anticommunisme et ultralibéralisme étaient deux des marqueurs fondamentaux du FN. Enfin, en 2007, ce qui fut le dernier programme présidentiel de Le Pen en tant que chef du parti dénonçait pêle-mêle le « syndicalisme archaïque », « l’étatisme » et « le mondialisme libéral».
Le FN s’inscrit également dans la tradition xénophobe de l’extrême-droite basée sur la stratégie du bouc-émissaire, et sur un discours principalement axé contre les immigrés. Avec le choc pétrolier de 1974 qui met fin à la période dite des « 30 glorieuses » et le coup d’arrêt de la politique d’immigration par Giscard élu président, le FN va participer activement à la construction d’un « problème » de l’immigration. En 1978, à l’occasion de la campagne des législatives, il colle massivement des affiches martelant le slogan : « 1 million de chômeurs, c’est 1 million d’immigrés de trop ! La France et les Français d’abord ! ». François Duprat, numéro 2 du parti (décédé peu après dans un attentat à la voiture piégée) déclarait alors : avec ce slogan, « nous allons gagner des voix populaires. Les voix populaires, dans le contexte du risque que la gauche gagne, la droite les voudra pour elle. Elle n’aura donc pas d’autre choix que de valider nos thèses, que de les reprendre en partie, d’ailleurs, l’immigration est officiellement stoppée depuis 1974. A partir de là, si on entend validée une partie de nos thèses dans l’opinion publique, nous ne serons plus les horribles fascistes, nous ne serons plus les méchants anciens de l’OAS, nous ne serons plus les nazis, les collaborateurs, etc., nous serons une droite, une droite musclée, mais une droite qui aura sa place dans le champ politique et une droite pour laquelle on pourra voter.»
L’idée est donc de diviser la classe ouvrière. Il s’agit de manière démagogique de stigmatiser les travailleurs immigrés et de parier sur le poison raciste dans un contexte d’un accroissement inexorable du chômage de masse. Le FN peut alors actualiser son affiche : « 3 millions de chômeurs, ce sont 3 millions d’immigrés en trop ! La France et les Français d’abord ! »
La préférence nationale et l’identité
Avec son premier succès électoral à Dreux en 1983, le FN sort de la marginalité politique.
En juin 1984, il opère une percée électorale nationale lors des élections européennes où il obtient 2,2 millions de voix, soit 11 % des suffrages exprimés et donc dix élus au Parlement européen.
A cette époque, des militants opportunistes de la droite parlementaire rejoignent le FN. Parmi eux, Jean-Yves Le Gallou, énarque et membre de l’UDF qui vient de signer pour le Club de l’Horloge un livre « La Préférence nationale : Réponse à l’immigration » (publié en 1985). Avec Patrick Buisson, rédacteur en chef du quotidien Minute, ils encouragent alors le haut fonctionnaire Bruno Mégret à rallier le parti, dont il sera rapidement nommé délégué général. C’est donc dans ce cadre, par des hommes politiques issus de la droite traditionnelle, qu’a été élaboré le concept de préférence nationale, pilier programmatique du Front qui, articulé avec la notion d’identité, instaure une véritable ségrégation sociale raciste dans le domaine de l’emploi, du logement, des aides sociales, etc. S’inspirant également de la stratégie dite du « gramscisme de droite7 », élaborée par le courant de la Nouvelle Droite, « Identité » devient d’ailleurs le nom de la revue interne destinée aux cadres du parti. La volonté est de renouveler le fond idéologique de l’extrême droite, d’explorer des thématiques propres aux adversaires (telles que l’école et l’écologie), et de mener ce que Mégret appelle « la bataille du vocabulaire » ; celle-ci ayant pour but de dé-diaboliser le FN, et de lui permettre de s’imposer sur la scène politique et médiatique en vue de conquérir le pouvoir.
En 1988, le Front national décale au 1er mai son traditionnel rassemblement pour commémorer Jeanne d’Arc. Il opère ainsi une captation symbolique de la date du 1er mai, qui appartient légitimement aux syndicats et aux organisations ouvrières, et une réappropriation tout aussi symbolique de l’instauration par le régime de Vichy de la « Fête du travail » : « Dans les premières décennies de ce siècle, le 1er mai était considéré comme une journée quasi révolutionnaire, où les partis et les syndicats de l’extrême gauche mobilisaient les masses militantes sous une foison de drapeaux rouges et défilaient sur des kilomètres de pavé parisien. En 1941, le maréchal Pétain décida de transformer cette journée d’affrontements sociaux en une fête du travail, officiellement chômée, et une manifestation d’unité française. La gauche et l’extrême gauche s’efforceront de refaire peu à peu du 1er mai leur propre fête partisane et revendicative. Le Front national brise ce monopole syndicalo-gauchiste et parvient à unir symboliquement, dans une même ferveur, l’hommage à Jeanne d’Arc et le salut fraternel à l’ensemble du monde du travail, faisant de cette journée à la fois une manifestation de patriotisme et de solidarité nationale ».
1995 : La première offensive sociale du Front National
Ce n’est toutefois qu’en 1996 que le Front national déclenche une véritable première offensive sociale, sous l’impulsion déterminante de Bruno Mégret.
Deux éléments expliquent cette stratégie. Tout d’abord la conquête en 1995 de plusieurs villes (Toulon, Orange, Marignane, puis Vitrolles en 1997), ce qui lui permet d’espérer briser le plafond de verre électoral. En second lieu, les leçons tirées de la grève de novembre-décembre 1995 qui permettent à Bruno Mégret d’adapter son discours, jusqu’au paroxysme de la mauvaise foi en déclarant au Monde en février 1996 : « Nous avons parfaitement compris et soutenu ce mouvement de mécontentement. (…) Nous allons intensifier la présence du Front national dans la société française en renforçant son tissu d’implantation locale et en élargissant son impact dans les milieux professionnels. Après la police, nous allons mener des actions à la RATP et, sans doute, dans les transports en province, ainsi que dans le monde enseignant, où nous serons certainement portés par des actes de violence perpétrés dans les établissements. Enfin, nous voulons être présents aux élections professionnelles des chambres de commerce, des chambres de métiers et aux scrutins prud’homaux ». Quant à Le Pen, il salue lors du 1er mai 1996 : « la longue lutte des travailleurs », tout en dénonçant « l’immigration, fléau central » et un « complot à tonalité maçonnique et New Age » qui tente d’imposer « un nouvel Ordre mondial ». Un tract diffusé par le FN le même jour titrait : « Le FN est le syndicat des Français », assénant « le social, c’est le Front national », et des affiches « Produisons français avec des Français » furent éditées en détournement du slogan du PCF des années 19808.
L’offensive se concrétise par la création de cinq syndicats étiquetés FN : Police, Pénitentiaire, RATP, Transports lyonnais et Transports en Commun. La CGT et la CFDT engagent une bataille juridique. Elle sera gagnée après deux ans de lutte, les structures du FN ne pouvant se prévaloir de la qualité de syndicats professionnels selon la Cour de Cassation, qui souligne également que la « préférence nationale » prônée est contraire à la Constitution et aux textes internationaux relatifs aux Droits de l’homme. Par ce biais, les syndicats ont également pu réaffirmer le but du syndicalisme : celui de combattre toute forme de discrimination. Le FN a prolongé son offensive sociale en créant le MEN (Mouvement pour une Education Nationale) en direction des enseignants et enseignantes et par la présentation en 1997 de listes aux élections prud’homales (cFNt ou confédération Française Nationale des travailleurs pour le collège salariés, et Fédération Nationale entreprises modernes et libertés pour le collège employeurs) ainsi que par la création d’un FN-Locataires pour les élections HLM. Ces listes ont été judiciairement invalidées.
En 1996, la commission syndicale du mouvement antifasciste Ras l’Front a organisé plusieurs rencontres syndicales et mené un travail de fond au long cours, reposant sur l’échange d’informations et la mise en place de contre-offensives. C’est dans ce cadre que sera créé le bulletin d’informations ISA (Informations Syndicales Antifascistes), qui deviendra autonome sous la forme de VISA. A partir de cette date, des syndicats vont multiplier les actions concrètes dans les entreprises contre les tentatives d’infiltration, et engager un travail d’information, d’alerte et de formation. Face à la menace fasciste – et suite aux assassinats d’Ibrahim Ali en février 1997 par des colleurs d’affiche du FN à Marseille, et de Brahim Bouarram par des skinheads en marge de la manifestation du FN le 1er mai 1995 – la mobilisation antifasciste va se renforcer. Elle culminera avec la manifestation de Strasbourg durant laquelle 60 000 personnes manifestent contre le congrès du FN. Le 1er mai 1997 sera également un temps fort syndical, unitaire et antifasciste, dans la plupart des villes de France.
Fin 1998, un conflit violent oppose Le Pen et Mégret, une guerre de chefs qui traduit des divergences stratégiques inconciliables. C’est la scission et le départ de nombreux cadres du FN qui suivent Bruno Mégret, et on assiste à une déstructuration de l’appareil militant et un affaiblissement électoral durable. Mégret créera par la suite un parti d’extrême-droite (le MNR, Mouvement National Républicain) qui ne réussira pas à percer. Paradoxalement, le mouvement antifasciste s’essouffle, son ennemi principal, le FN, paraissant durablement affaibli. Certains journalistes et politiciens iront même jusqu’à pronostiquer sa disparition…
La méthode Marine Le Pen, ruptures apparentes et continuités
Le FN subit, de 1999 à 2011, une traversée du désert.
Le choc du 21 avril 2002 provoqué par la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour est d’autant plus inattendu que le FN n’a quasiment pas mené campagne. Mais l’échec du gouvernement dit de la « gauche plurielle » conduit par Lionel Jospin est flagrant. Et le choix d’une campagne présidentielle marquée par une surenchère sécuritaire illustre le phénomène de lepénisation des esprits de la classe politique et médiatique. A cela, il faut ajouter le changement de paradigme marqué par les attentats du 11 septembre 2001 et les lois d’exception adoptées dans l’urgence. C’est également le début de nouveaux conflits menés en Afghanistan et en Irak au nom de « la guerre contre le terrorisme ». On assiste alors à l’émergence d’une logique de bouc-émissaire dans les discours, au travers des thèmes de l’insécurité, de l’immigration, de l’islamophobie. La classe politique peut ainsi escamoter les problèmes sociaux cruciaux tels que le chômage de masse, la précarité grandissante, les difficultés liées au logement, l’accroissement des inégalités, etc.
En réaction, les gens descendent spontanément dans la rue, d’abord de manière inorganisée et éparse, puis par millions durant les manifestations du 1er mai 2002. Cette mobilisation ne sera toutefois qu’un feu de paille, en raison de l’absence d’un véritable cadre antiraciste et antifasciste et d’une dénonciation purement morale, qui se traduira sur le plan électoral par un vote barrage au Front national.
Quelques années plus tard, en 2007, Sarkozy, conseillé par Patrick Buisson, se fait élire président en captant une partie de l’électorat du FN. Il ouvre alors la boîte de pandore avec notamment la création d’un « Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale » et promeut des discours « décomplexés » c’est-à-dire ouvertement racistes. Nombre de lois et de mesures politiques prises durant son quinquennat démontreront cette volonté de siphonner les voix du FN.
Lors du Congrès de Tours en janvier 2011, une bataille de succession s’engage entre Marine Le Pen et Bruno Gollnish, qui incarnent respectivement le renouvellement du parti et la vieille garde. Au final, la fille Le Pen accède à la tête du FN et met en place une stratégie de dédiabolisation et de banalisation de son parti. Il s’agit d’une volonté de rupture apparente, une entreprise de communication. Elle épure néanmoins le parti en excluant les militants les moins fréquentables, tel Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti, dirigeants par ailleurs des Jeunesses nationalistes et de l’Oeuvre française – deux organisations dissoutes suite au meurtre de notre camarade Clément Méric en juin 2013. Et les franges les plus radicales ne sont dès lors plus les bienvenues dans les manifestations du FN le 1er mai. La dédiabolisation a toutefois ses limites, puisque les réseaux des anciens du GUD (Frédéric Chatillon et Axel Loustau) ou des Identitaires (Philippe Vardon, Damien Rieu) demeurent dans le parti. L’exclusion du « patriarche » Jean-Marie Le Pen en 2015, suite à un interview-règlement de comptes, paru dans Minute, marquera l’aboutissement de la prise de pouvoir de sa fille, Marine.
La seconde offensive sociale du FN en 2011-2012
En mars 2011, un électrochoc se produit dans le monde syndical : sur les listes cantonales figurent six syndicalistes.
Ces syndicalistes sont choisis pour leur « représentativité » pluri-syndicale. Il s’agit en Moselle de Fabien Engelmann (CGT), Daniel Durand-Decaulin (CFDT) et Thierry Gourlot (CFTC) ; de Annie Lamahieu (FO) dans le Nord, Robert Demassieux (CFDT) dans le Pas-de-Calais, et Franck Pech (SUD) en Haute-Garonne. Le cas de Fabien Engelmann, militant CGT, issu de l’extrême gauche et passé par le filtre de Riposte Laïque, est emblématique. Il faut également rappeler que nous nous situons juste après la puissante bataille syndicale sur les retraites d’octobre-novembre 2010. Et contrairement à ce qui apparaissait comme l’issue syndicale victorieuse de novembre-décembre 1995, l’échec de ce mouvement va permettre au FN d’expérimenter une stratégie du vautour.
C’est le prolongement de l’expérimentation locale menée par Marine Le Pen avec Steeve Briois et Bruno Bilde à Hénin-Beaumont. En effet, sur fond de fin de lutte de Métaleurop, de désespoir social et sur fond de corruption locale avec le maire PS pris la main dans le sac, Marine Le Pen et sa garde rapprochée ont labouré le terrain dans cette ville du Pas-de-Calais, longtemps acquise aux socialistes, en adaptant un discours aux tonalités sociales qui puisse conquérir une partie de l’électorat ouvrier.
Face à cette nouvelle offensive sociale du FN, les organisations syndicales CGT, Solidaires, FSU, CFDT et UNSA signent un appel unitaire : « la préférence nationale est incompatible avec les valeurs du syndicalisme » et la plupart des 6 candidats sont exclus par la CGT, Solidaires et la CFDT sur la base de l’incompatibilité avec les valeurs du syndicalisme. FO s’est distinguée en se fondant seulement sur « l’indépendance de FO par rapport aux partis politiques ». La CFTC n’a pas exclu Thierry Gourlot, connu pourtant de longue date pour son appartenance au FN, puisqu’il était membre du Comité Central et du Bureau Politique et cofondateur avec Louis Alliot d’une coquille vide, le Cercle National des Travailleurs Syndiqués (CNTS). Ce n’est pas un hasard si ni FO, ni la CFTC, ni la CGC, pourtant sollicitées, n’ont pas souhaité s’associer à l’appel unitaire.
Marine le Pen va accentuer cette offensive sociale à l’occasion de la présentation de son programme élaboré pour les élections présidentielles de 2012. On note alors une inflexion du discours du FN, qui reprend le concept de « bataille du vocabulaire ». Il y a donc officiellement un abandon d’un certain nombre de thèmes traditionnels de ce courant qui font à présent désordre : un racisme trop visible, l’antisémitisme et le négationnisme, les références trop explicites à l’héritage de l’extrême droite.
En revanche, il y une élaboration d’une thématique économique et sociale-nationaliste adaptée : la promotion d’un « Etat fort et stratège», des mesures protectionnistes et des taxations aux frontières, une « politique nataliste volontariste », « la défense du pouvoir d’achat », la valorisation des PME et PMI… Il s’agit à la fois de banaliser le FN et de gagner une partie de l’électorat populaire, au-delà de son électorat traditionnel ancré dans la petite bourgeoisie (petits agriculteurs, commerçants, artisans, professions libérales…). Cette opération séduction en direction des ouvrier-es et employé-es se traduit également par des lettres ouvertes de Marine Le Pen aux fonctionnaires en février 2011, aux « collèges de France » en mai 2015, aux infirmiers et infirmières en mai 2016…
La création du RBM (Rassemblement Bleu Marine) a permis d’élargir son spectre politique avec des personnalités telles que Gilbert Collard, avocat médiatique devenu depuis député, ou Robert Ménard, ancien président de Reporters sans frontières devenu maire de Béziers. Le ralliement de souverainistes du SIEL (Souveraineté, Indépendance Et Libertés) avec Paul-Marie Couteaux a permis de faire une prise importante avec l’énarque Florian Philippot, qui intègre officiellement le FN en 2011 et devient le principal artisan du « tournant social » du FN.
Pour la défense d’un capitalisme national
Cette posture sociale s’accompagne parallèlement de signaux en direction du patronat des PME et TPE, autre cible privilégiée du FN. Contrairement à certaines analyses hâtives, le FN n’a jamais tenu de discours anticapitaliste. Certes, Marine Le Pen dénonce la « finance internationale », « l’ultralibéralisme » parfois qualifié de « mondialisme » mais promeut un capitalisme national classique. Ainsi, lorsqu’elle a répondu en 2012 à l’invitation du club patronal Ethic de Sophie de Menthon et de Yves de Kerdrel (devenu depuis directeur de Valeurs actuelles), elle a déclaré d’emblée au parterre composé d’une centaine de chefs d’entreprise : « Je ne suis pas votre ennemie, Je suis pour la libre entreprise, pour l’économie de marché, mais avec un Etat arbitre, un Etat régulateur ». Concernant les mesures phares de son programme, elle répondait sur la sortie de l’Euro : « On a l’euro depuis dix ans, pas depuis cinq siècles. C’est juste une parenthèse qu’il faut refermer » ; sur l’Union européenne : « Cette Union européenne vous a bridés, vous a contraints comme jamais. Il n’y a jamais eu autant de règles, autant de normes » ; à propos du protectionnisme national : « Il doit s’accompagner d’un plan de ré-industrialisation organisé avec le monde de l’entreprise. Je veux des droits de douane progressifs pour vous laisser le soin de vous mettre en situation de retrouver des parts de marché » ; sur l’augmentation de 200 euros net pour tous les salaires jusqu’à 1,4 fois le Smic : « S’il n’y a plus de pouvoir d’achat, vous ne pourrez plus jamais vendre. Je ne crois pas à une augmentation du Smic, qui repose sur l’entreprise. C’est pourquoi l’Etat assumera cette hausse en prenant à sa charge une partie des cotisations sociales ».
Concernant les syndicats, le FN appelle à une « grande réforme des syndicats » en jugeant que « des syndicats plus représentatifs (…) seront, en effet, plus à même d’entrer dans des logiques de concertation constructives et moins tentés de recourir à un rapport de forces (grève, manifestations) pour pallier leur manque de légitimité ». Ce modèle corporatiste est directement inspiré par le syndicalisme jaune qui a sévi fin XIXème-début XXème siècle, financé par le grand patronat et les forces réactionnaires et surtout par la Charte du travail sous le régime de Vichy. Même si le FN, notamment par la voix de Philippot, a nuancé en partie son discours sur la « colère des travailleurs », les syndicats sont toujours stigmatisés en bloc comme complices du « système ». Lors des mobilisations contre la loi Travail au printemps 2016, tout en dénonçant le gouvernement et en demandant le retrait de la loi, Philippot déclarait : « Il faut rétablir l’ordre, faire appliquer la loi, donner des ordres et des soutiens, et des moyens aux forces de l’ordre pour éviter que ça dégénère, parce que ça risque de dégénérer bien plus ».
A l’épreuve du pouvoir local ; la politique antisociale du FN
Le slogan, « on a tout essayé, sauf le FN », c’est oublier, pour celles et ceux qui ont la mémoire courte, la parenthèse de 1986 à 1988 : 35 député-es FN à l’Assemblée nationale à la faveur d’un scrutin proportionnel. Et surtout, c’est gommer le bilan catastrophique des villes conquises en 1995, et 1997 pour Vitrolles, avec l’exception notable de la ville d’Orange où Bompard a réussi à se maintenir au pouvoir depuis vingt ans grâce à un système clientéliste.
C’est pourquoi, il convient de regarder attentivement quelle est la gestion actuelle des villes tenues par l’extrême droite depuis 2014, au prisme de la « charte d’action municipale » du FN qui met l’accent sur les mesures discriminatoires au nom de la « défense de la laïcité » et du « refus du communautarisme ». Il faut rappeler que la plupart de ces mairies ont été conquises grâce à des triangulaires voire des quadrangulaires. Avec 11 mairies gérées par le FN, ou le RBM pour Béziers, et 4 par la Ligue du Sud, présidée par l’ex-FN Jacques Bompard, nous avons un panel relativement complet de ce qui peut se pratiquer depuis deux ans.
Autoritarisme et intimidations
Hénin-Beaumont constitue la vitrine modèle du Front national ; Steeve Briois a annoncé peu après sa victoire le retrait d’un local jusqu’ici attribué à la Ligue des Droits de l’Homme, classée comme adversaire parce qu’elle a pris position contre le FN. C’est également le cas à Mantes-la-Ville où la section locale de la LDH a vu la totalité de ses subventions municipales supprimées en 2015. Cyril Nauth, le maire, a précisé : « C’est un choix politique et symbolique : nous ne souhaitons plus subventionner cette association très politisée ». Récemment, la municipalité de Hayange a menacé d’expulser l’antenne locale du Secours populaire à qui elle reproche de mener une « propagande pro-migrants ». Désormais, certaines associations sont dans le collimateur et il existe un autre moyen de pression efficace : le chantage aux subventions qui permet d’étrangler des associations ciblées.
La mise au pas des opposants et opposantes est devenue également une pratique récurrente. Face à une mobilisation locale de parents d’élèves et de personnel enseignant, Stéphane Ravier à Marseille a menacé d’éradiquer les « métastases rouges du quartier ». A Hénin-Beaumont, le maire a publiquement traité des membres d’opposition de « manchots », d’ « hystériques » et le conseiller communiste David Noël commente le harcèlement judiciaire dont il fait l’objet : « Ils veulent faire taire les opposants ». Le maire de Beaucaire avait attaqué « quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien à envier à celui de racailles ». A Hayange, lors d’une séance du Conseil municipal, un opposant animateur du collectif Hayange en résistance a été expulsé manu militari et a du être transporté aux urgences.
Les municipalités FN, des employeurs despotiques
Le Front national aux affaires est en position de gérer les carrières, rémunérations et conditions de travail de centaines d’employé-es municipaux. La violence antisyndicale des élu-es FN n’a d’égale que la régression ou la stagnation sociale qu’ils et elles imposent à leurs employé-es. A Hayange, Engelmann a instauré un système de gestion clientéliste des contrats précaires, qui a conduit à une grève des agents d’accueil de la petite enfance en mai 2015. L’élément déclencheur de cette grève a été le non-renouvellement du contrat précaire d’une salariée, auxiliaire de puériculture, âgée de 55 ans. La salariée se prénomme Rachida et la remplaçante pressentie est une militante du FNJ, réputée proche du maire.
Les pressions et la criminalisation antisyndicale s’intensifient car le syndicalisme de lutte reste toujours un ennemi aux yeux de la plupart des maires FN, même si certains tentent d’enrôler certaines équipes locales. A cours des derniers mois de l’année 2015, le conflit entre Fabien Engelmann et la CGT a continué à faire des ravages. La mairie est passée à la contre-attaque et a ciblé Hugues Miller, le secrétaire général du syndicat CGT des fonctionnaires et agents territoriaux des établissements de la Ville de Hayange. En octobre 2016, suite à la plainte du maire d’Hénin-Beaumont, le secrétaire général du syndicat CGT des Territoriaux a été placé en garde à vue.
Racisme et discriminations
Le vendredi 4 avril 2014, Marine Le Pen avait défrayé la chronique en annonçant que les mairies FN allaient supprimer systématiquement les « repas de substitution » dans les cantines scolaires. Tout en s’abritant derrière la pseudo-défense de la laïcité, il s’agit bien d’une mesure d’exclusion qui cible certains groupes sociaux déterminés. A son tour, le maire de Béziers, Robert Ménard a précisé démagogiquement qu’il entendait écarter « le halal » des cantines scolaires. Ce dernier a récidivé le 4 mai 2015, en affirmant publiquement qu’« il y a 64,6 % d’élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de Béziers » et il affirmait alors que la mairie disposait de ses propres statistiques en la matière, et qu’il était facile de déduire l’appartenance confessionnelle des enfants « grâce aux noms et prénoms ». Stéphane Ravier, maire du 7e secteur de Marseille, affirmait pour justifiait ainsi son refus de la construction de nouveaux logements sociaux, : « tant que cette politique-là sera mise en œuvre, en plus de la préférence étrangère de fait, (…) ce sera non pour nous. ». Rappelons que ce même Stéphane Ravier a utilisé à plusieurs reprises la notion raciste et paranoïaque de « grand remplacement ».
A Beaucaire, le maire Julien Sanchez, comme son homologue de Cogolin, souhaitait écarter des commerçants dont bon nombre sont d’origine maghrébine, pour promouvoir un « marché provençal ». Le 23 mars 2015, un certain nombre de forains locaux ont alors manifesté et bloqué les entrées de la ville avec leurs camions, en proclamant sur des banderoles : « non à la discrimination ! ». A Mantes-la-Ville, pour la mairie FN, l’enjeu idéologique consiste surtout à empêcher l’installation d’une salle de prière musulmane dans le quartier des Merisiers. Autorisée par l’ancienne équipe municipale, celle-ci fait l’objet de toutes sortes de tentatives de blocage par la nouvelle municipalité.
A Hayange, le maire est resté très proche de Riposte laïque et éructait : « la danse orientale est incompatible avec le Front National » et a fait célébrer la « fête du cochon » en 2014 et 2015. L’extrême droite radicale était présente en 2014 avec le groupuscule L’Œuvre française et quelques skinheads. En 2015, c’est le site Lorraine Nationaliste qui a appelé à se rendre à cette « fête du cochon ». Steeve Briois, président de l’association des maires « ma commune sans migrants » exploite depuis septembre 2016 les peurs et les fantasmes de « l’invasion » et de la « submersion migratoire ». C’est l’occasion pour le FN d’organiser des rassemblements locaux anti-migrants. Mais c’est également l’occasion de mobilisations unitaires antifascistes et antiracistes locales, souvent bien plus massives.
Mesures antisociales
La ligne du FN a vite été démasquée, puisque, dès leur arrivée, plusieurs maires ont coupé ou diminué drastiquement les subventions à certaines associations. Dans le budget 2015, la baisse des subventions aux associations continuait d’être une quasi-constante des municipalités FN. Elle s’accompagne d’une réorientation des attributions : clubs de football, bibliothèques, associations de quartier et centres sociaux en sont les principales victimes. Les centres sociaux des quartiers populaires ont été les premiers touchés. A Fréjus, dès 2014, le centre social de la Villeneuve voyait sa convention dénoncée, du fait d’un « engagement militant » contre la mairie. A Marseille aussi, Stéphane Ravier et son équipe s’opposent au versement des subventions versées par la mairie centrale à certains centres sociaux de l’arrondissement, en représailles à leur prétendu manque de « neutralité politique » à son égard. Parallèlement, les subventions au Centre communal d’action sociale (CCAS) ont continué de baisser en cette année 2015. A Cogolin, le maire, Marc-Etienne Lansade, a diminué la subvention de 46%. A Béziers comme à Fréjus, le budget du CCAS, baissé respectivement de 10 et 5% à l’arrivée des maires FN, est maintenu à ce bas niveau.
Les mairies FN, en 2015, ont rationné en outre les budgets en direction des écoliers. Au Pontet comme à Beaucaire, la gratuité de la cantine scolaire a été supprimée pour les familles les plus pauvres. A Cogolin, les transports scolaires gratuits sont désormais payants. A Beaucaire, le maire refuse de subventionner la « Maison du vivre ensemble » qui assurait l’aide aux devoirs : elle a ainsi du fermer en janvier 2015. À Béziers, la municipalité s’est illustrée en réservant la participation aux activités périscolaires aux seuls enfants dont il est prouvé qu’un des deux parents travaille. À cela s’ajoute la suppression de l’étude surveillée du matin, remplacée par un simple accueil.
A Mantes-la-Ville, c’est une douzaine d’associations à la fois qui ont été privées d’une subvention accordée par l’ancienne municipalité. Considérant que la mairie bloquait totalement ce dossier, le département des Yvelines s’est substitué à elle, contractant lui-même directement avec les associations concernées. Toujours à Mantes-la-Ville, la municipalité a décidé de frapper fortement le Football Club Mantois, qui compte 880 licenciés, mais est considéré par les dirigeants FN comme trop proche des populations issues de l’immigration. A Beaucaire, la municipalité s’en est également pris à un club de football, le Stade beaucairois, qui existe depuis 1908. A Villers-Cotterêts, les annonces du maire portent essentiellement sur la baisse des impôts, pourtant peu sensible, et qui se fait aux dépens des services et prestations sociales : augmentation du tarif des cantines et des centres de loisirs pour les familles les plus modestes, fin de la gratuité des ateliers de la médiathèque, augmentation de la taxe d’aménagement…
Clientélisme d’extrême droite
Les indemnités des élus qui avaient été augmentées (Villers-Cotterêts, Cogolin, Le Luc) restent au même niveau. Les entreprises liées à l’extrême droite bénéficient de la manne financière que représentent certaines de ces municipalités. L’exemple le plus flagrant est celui de la mairie de Fréjus avec le projet de « Surf Académy ». Elle s’est acoquinée avec une société basée à Hong Kong et dirigée par un ancien néo nazi : Yann Tran Long dont le frère, Minh Tran Long, dirige la société de communication Patrouille de l’événement, qui œuvre aussi pour la ville de Fréjus. Ces deux frères étaient membres de la Fédération d’Action Nationale et Européenne (FANE), groupuscule néo nazi dissous dans les années 80. Les amitiés du maire de Fréjus n’ont peut-être pas été du goût du préfet, alerté par la presse et les associations et le projet a été repoussé.
Autre constante dans les budgets FN : les investissements en matière de « sécurité ». Les restrictions budgétaires ne concernent manifestement pas ce poste : développement de la police municipale par des embauches, souvent d’ailleurs seules embauches dans les villes FN, son équipement à grand renfort de communication comme à Béziers, de nouvelles installations de vidéosurveillance.
Conclusion
En dehors de quelques mesures phares pour faire illusion, la posture sociale du FN consiste en une dénonciation réactionnaire du « système » et à substituer à la lutte des classes une « identité nationale » fantasmée, articulée au concept-clef de préférence nationale. Aucune remise en cause des intérêts patronaux, des rapports de domination et d’exploitation ; rien sur les causes réelles des inégalités sociales, sur les logiques patronales, sur les conditions de travail, sur la répartition des richesses, bref sur les solidarités de classe défendues par le syndicalisme de lutte.
Notre rôle est d’opposer au fascisme contemporain notre socle de revendications (anticapitalisme, égalité des droits, solidarité de classe, internationalisme…) et de les faire vivre, de proposer une alternative sociale face aux attaques patronales et aux contre-réformes gouvernementales. Notre volonté est de massifier et de construire, via nos équipes militantes et en lien étroit avec le mouvement social dans son ensemble, une riposte antifasciste articulée aux luttes et aux solidarités concrètes dans le cadre d’un projet de transformation sociale.
Bibliographie et références Internet
ALDUY Cécile et WAHNICH Stéphane, Marine Le Pen prise aux mots, Décryptage du nouveau discours frontiste, Le Seuil, 2015.
BOLTANSKI Luc, ESQUERRE Arnaud, Vers l’extrême : Extension des domaines de la droite, Éditions Dehors, Bellevaux, 2014.
EDIN Vincent, En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite, Editions de l’Atelier, 2016.
GAUTIER Jean-Paul , De Le Pen à Le Pen, continuité et ruptures, Syllepse 2015
IGOUNET Valérie, Le Front national de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées, Le Seuil, Paris, 2014
NOIRIEL Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France, Fayard, 2007.
NOVAK Zvonimir, Tricolores, une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite. L’Échappée, Montreuil, 2011.
VISA, Lumière sur mairies brunes, Syllepse, 2015
Manières de Voir/Le monde diplomatique n° 134, avril-mai 2014 : « Nouveaux visages des extrêmes droites »
Site de VISA : http://www.visa-isa.org/
Site féministe de lutte et d’arguments contre l’extrême droite : http://droitsfemmescontreextremesdroites.org/
Blog Derrière le Front de Valérie Igounet : http://blog.francetvinfo.fr/derriere-le-front/
Site Fragments sur les Temps Présents : http://tempspresents.com/
L’observatoire des droites radicales du quotidien Libération : https://oeilsurlefront.liberation.fr/
Site de La horde, avec notamment sa cartographie de l’extrême-droite : http://lahorde.samizdat.net/
1 Vigilances et Initiatives Syndicales Antifascistes.
2 Voir le dossier « syndicalisme contre le fascisme », dans le numéro 1 des Cahiers Les utopiques (mai 2015).
3 Organisation d’extrême-droite créée en 1969 dans laquelle militèrent les futurs ministres de la république française, Gérard Longuet et Hervé Novelli. Il prend la suite d’Occident, autre groupe fasciste auquel appartint un autre futur ministre, Alain Madelin.
4 Mouvement réactionnaire, autour de Pierre Poujade, actif essentiellement de 1953 à la fin de la 4ème république.
5 Bien que responsables de nombreuses actions terroristes, de plusieurs massacres et d’un putsch, les membres de l’OAS sont amnistiés par vagues successives à partir de 1964, pour finir par leur amnistie intégrale, le 7 juin 1968, en échange du ralliement à De Gaulle, percuté par le « mouvement de mai ».
6 Derrière cette expression, il s’agit de tenter d’imposer des « syndicats » pro-patronaux.
7 Antonio Gramsci, membre fondateur du Parti Communiste Italien, en a été le secrétaire général de 1924 à 1926. Emprisonné par le régime fasciste de Mussolini de 1927 à sa mort en 1937, il a notamment théorisé le concept d’hégémonie culturelle : la bourgeoisie domine par la force, mais aussi à travers l’imposition de ses codes, de ses manières de pensée, de ses priorités, de son langage, etc., qui s’impose aux travailleurs et travailleurs et contribuent à leur soumission. Gramsci appelle le mouvement ouvrier à imposer son hégémonie culturelle.
8 Au début des années 1980, le Parti Communiste Français mène une campagne d’ampleur sur les thèmes « produisons français », « achetons français », affiches aux couleurs bleu-blanc-rouge à l’appui. C’est aussi l’époque où le maire, PCF, d’Ivry envoie un bulldozer et des centaines de militants locaux détruire un foyer de travailleurs immigrés et en chasser les occupants ; où Robert Hue, alors maire PCF de Montigny-lès-Cormeilles organise une manifestation sous les fenêtres de la famille marocaine d’un jeune accusé de vendre du haschich…