Libération nationale et libération sociale : les deux faces de la même monnaie

Pourquoi peut-on faire une telle affirmation alors que le nationalisme est au cœur de tout le discours de l’extrême droite, affirmant la nauséabonde « préférence nationale » qui décline la xénophobie et le racisme ?  Parce que, lorsqu’on s’appuie sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, lorsqu’il s’agit d’une lutte anticoloniale, anti-impérialiste, il est bien question de libération nationale qui remet en cause le système d’exploitation et aspire à une libération sociale émancipatrice.

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Les échelles pour penser l’émancipation

Penser les échelles de l’émancipation au pluriel, c’est contribuer à la mise en place d’une forme politique qui a pour corollaire la réciprocité. Mais au demeurant, cela nous met face au défi de dépasser le postulat, historiquement enraciné en France, de l’impossibilité de concevoir l’émancipation en dehors du cadre de l’État-nation.

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Ras l’front

Ce texte date de 2003. Il a pour titre original « Ras l’front, douze années de militantisme atypique » *. Il couvre donc la période 1990-2002. Le réseau Ras l’front, et son journal du même nom ont vécu au-delà de ces années-là. Mais ces douze années permettent déjà de bien comprendre ce que fut ce réseau : large et radical, alliant pratique de masse et « coups militants ». Durant des années, Ras l’front c’est de nombreux collectifs locaux et une multitude d’activités sur tous les … fronts : université antifasciste, commission syndicale, manifestations, cinéma antifasciste, polars, travail avec des élu∙es politiques, banderole lors de 1er mai du FN, salons du livre antifascistes, blocages de trains du FN…

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VISA, un combat syndical antifasciste unitaire depuis 1996

VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) est une association intersyndicale composée à présent de plus de 120 structures syndicales : l’Union Syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, la FSU et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT-SO, de la CNT et du Syndicat de la magistrature. Cette dimension syndicale unitaire constitue le socle fondateur de VISA, qui œuvre concrètement, depuis 1996, sur le terrain de la lutte antifasciste. Depuis plus de 22 ans, VISA recense, analyse et dénonce syndicalement les incursions de l’extrême droite et plus particulièrement du Front national, devenu Rassemblement national, sur le terrain social, ses idées et ses pratiques.

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Nos mots et les leurs

Un ouvrage récent, Le Ministère des contes publics, paru en septembre 2021, montre comment des manipulations du langage, par le recours à une langue technicienne et une agglutination de formules péremptoires (« L’endettement-atteint-120-%-c’est-très-grave »), ont pu rendre « incontestable » aux yeux du grand public le point de vue du néolibéralisme sur les finances publiques, en particulier la « nécessité » de réduire les dépenses au nom de « la dette ». Peu auparavant, un autre livre, La guerre des mots, est allé plus loin en insistant sur le danger pour le monde du travail, déjà bien connu et référencé, d’utiliser le vocabulaire promu par le système capitaliste pour désigner des phénomènes sociaux.

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Ripostes locales

A Nancy, depuis bientôt 10 ans, des militant·es de différentes organisations syndicales, politiques ou féministes travaillent à fédérer les énergies nécessaires à ce combat antifasciste. Retour sur toutes ces années de luttes unitaires. Comme d’autres départements en France, les deux Savoie n’ont pas été épargnées par la venue d’Eric Zemmour pour la campagne de son parti Reconquête ! Annoncé à peine quelques jours avant, le passage du candidat à la présidentielle dans nos deux départements a dû faire face à une entrave majeure : trouver un lieu pour la tenue de son meeting.

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Clément Méric, assassiné par l’extrême droite

Le 5 juin 2013, notre camarade, Clément Méric, militant syndicaliste et antifasciste était assassiné à 18 ans par des militants d’extrême droite, en fin d’après-midi, en plein Paris. Ce qui a vite été présenté par de nombreux média comme une malheureuse bagarre entre deux bandes rivales, des « extrémistes des deux bords », est bien un meurtre politique. Ses auteurs étaient des néonazis, des militants armés, affiliés à Troisième voie, le mouvement de Serge Ayoub, alias Batskin.

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Quel antifascisme ?

Comment lutter contre l’extrême droite ? À notre sens, cela ne peut être qu’en pratiquant un antifascisme radical, au sens premier du terme : s’attaquer aux causes d’un mal, plutôt qu’à ses (seuls) symptômes ; un antifascisme pragmatique, ce qui implique une continuité entre les fins et les moyens ; et enfin, un antifascisme de masse, c’est-à-dire qui soit le fait de l’ensemble de la population et en premier lieu du monde du travail.

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2019/2020 : la grève à la RATP

La grève contre la dernière contre-réforme à propos des retraites, fin 2019-début 2020, restera comme un moment important dans l’histoire sociale de ce pays. La RATP y joua un rôle particulier. Tirer collectivement le bilan de nos luttes est un exercice essentiel, mais trop souvent renvoyé à … plus tard, c’est-à-dire dans bien des cas à … jamais. Puisque les camarades de Solidaires Groupe RATP en ont rédigé, il parait utile de le faire connaitre.

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Retour sur la grève du nettoyage à Jussieu

En septembre 2021, les 130 agents de nettoyage du campus universitaire de Jussieu à Paris se sont mis en grève contre leur employeur, l’entreprise sous-traitante Arc-en-Ciel. Après 8 jours d’une grève suivie quasiment à 100 %, ils et elles ont obtenu satisfaction sur la majeure partie de leurs revendications, portant notamment sur l’organisation et les conditions de travail et le paiement des heures supplémentaires. Les militants et militantes de la section locale de SUD Éducation ont soutenu activement la grève, et donnent ici leur récit et leur analyse. La très grande majorité des salarié∙es étant des femmes, la suite du texte est entièrement féminisée.

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Le nouveau statut du salariat de Solidaires, un projet révolutionnaire

En 2008, la revendication du nouveau statut du salariat a été adoptée par l’Union syndicale Solidaires lors de son 4ème congrès. Elle se voulait être, à l’époque, une réponse revendicative et offensive au chômage de masse, tout en poursuivant la lente conquête de la sécurisation du salaire. Cet enjeu, révolutionnaire – nous verrons plus loin pourquoi – a été l’une des grandes forces motrices de la lutte syndicale pendant tout le XXème siècle, à travers entre autres : le statut de la fonction publique, les retraites et l’assurance chômage, les différents statuts des salarié∙es des grandes entreprises publiques et les conventions collectives. Le nouveau statut du salariat s’inscrit dans cette longue histoire, en posant le droit au salaire comme revendication forte de l’Union syndicale. Plus précisément, il revendique la poursuite du salaire en cas de perte d’emploi, en remplacement des actuelles indemnités chômage, et par extension le droit au salaire, avec ou sans emploi.

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De la charte d’Amiens

Ce texte a été rédigé en 2006. C’est une contribution au colloque « Cent ans après la Charte d’Amiens : la notion d’indépendance syndicale face à la transformation des pouvoirs ». On repèrera une poignée de références marquées par la date d’écriture. Mais s’agissant du fond, il demeure tout à fait d’actualité. D’où le choix de le reprendre ici, en excluant uniquement les passages qui s’étendaient sur les appels pour l’autonomie du mouvement social, traités par ailleurs dans ce numéro.

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Syndicalisme et politique

Au-delà des rappels à la référence française de l’indépendance syndicale et à la Charte d’Amiens, il s’agit de voir comment les enjeux de la politique et du syndicalisme se définissent et se croisent aujourd’hui. Cela fait régulièrement débat entre nos organisations syndicales et en leur sein même. C’est un regard que nous pouvons poser sur le contexte de nos luttes et du monde du travail tel qu’il évolue.

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Cinq bonnes raisons de défendre et de promouvoir la Charte d’Amiens

Référence incontournable dans le milieu militant, la Charte d’Amiens reste l’un des textes auquel le mouvement syndical s’identifie massivement, même si elle donne parfois lieu à de grands écarts entre organisations syndicales, en théorie comme en pratique. Convaincus que la Charte d’Amiens pose les fondamentaux d’un syndicalisme que nous prônons, nous revenons sur l’importance de ce texte et sur l’horizon qu’il dessine pour transformer la société.

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1962-1984 : la CGT et le Programme commun de gouvernement

Signé en 1972 et défunt en 1977, le Programme Commun n’aura vécu que cinq petites années. Il en fut néanmoins vendu plus d’un million d’exemplaires ! Mais sa gestation comme sa postérité nous entraînent bien au-delà de ces deux bornes. Car cet épisode est à la fois l’aboutissement ultime et l’impasse avérée de la structuration du mouvement ouvrier français, construite dans le souffle de la Révolution russe à partir de 1917. Structuration basée sur un courant supposé réformiste et un courant supposé révolutionnaire dont la confrontation fait l’essentiel de l’histoire ouvrière de notre pays. La mainmise sur la CGT en étant un des enjeux décisifs. Nous ne pourrions avancer dans la compréhension de cette étape de la confrontation entre socialistes (SFIO) et PCF dans et contre la CGT sans un profond retour aux origines. Ce qui nécessite aussi de revisiter sur le temps long les rapports entre CGT et PCF. C’est ainsi qu’il faut accepter que cet article tente d’expliquer la CGT d’un point vue interne, ce qui ne signifie naturellement ni justification ni approbation des faits ici relatés trop brièvement. Dernier avertissement : certain∙es vont peut-être trouver que je donne trop de place au rôle des individus. Pourtant dans l’univers  stalinien, la position du chef est souvent décisive.

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Fallait-il un « grand parti » pour l’autogestion ? La CFDT et les Assises du socialisme de 1974

Il y a un mystère CFDT. Celui qui entoure une organisation syndicale passée du socialisme autogestionnaire des années 1970 à l’accompagnement du capitalisme néo-libéral. Dans les années qui suivent Mai 68, le débat est vif quant à la manière de résoudre l’antagonisme de classe. S’y ajoute au sein de la centrale une hétérogénéité des attentes, des pratiques et des cultures militantes. Tout cela va se traduire par une succession de réajustements stratégiques au gré des rapports de force internes et du contexte politique et social. Autour des Assises du socialisme en 1974 se joue précisément un de ces moments de bascule de la CFDT. Cette opération – menée en faveur du Parti socialiste et dans laquelle s’implique la direction confédérale – va interroger le rapport du syndicat au pouvoir et au politique dans une période où la « transition au socialisme » semble bel et bien accessible.

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Mai 1981, la gauche au pouvoir et le syndicalisme qui assiste ou regarde

Étant à l’époque permanent du Syndicat national unifié des impôts -SNUI- depuis février 1974 et secrétaire général depuis octobre 1980, j’ai traversé cette période de l’après-10 mai 1981, sans, bien entendu, tout comprendre de ce qu’il se passait et des enjeux, et sans bien savoir ce qu’il faudrait assurément faire, et ne pas faire. Du poste où j’étais, je pouvais voir et entendre certaines choses, mais bien peu par rapport à tout ce qu’il faudrait étudier aujourd’hui pour essayer d’avoir une vision d’ensemble. Les pages qui suivent ne sont donc qu’un éclairage, personnel, sur cette période et sur le constat qui est fait des relations entre les syndicats et les partis politiques, avec les moyens qui sont principalement ceux de la mémoire, laquelle n’est pas une totale garantie d’exactitude.

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Démocratie et processus

Les abstentions lors des récentes élections disent combien le système dit de « démocratie représentative » rend insatisfait, pour ne pas dire amer. Or, comme tout grief, la critique même sévère ne conduit pas automatiquement à une solution alternative. On parle beaucoup d’aspiration à la démocratie et la multiplicité des expérimentations, depuis les entreprises mises en coopératives jusqu’aux villages en quête d’une démocratie locale alternative, signale une recherche active. Malheureusement, elles restent enfermées dans de petits cercles, où l’on est sûr de ne pas se laisser déposséder par des « représentants » qui sont hors de portée et deviennent indépendants des citoyens et citoyennes. En même temps, il faut penser que ces expérimentations locales ne sont pas statiques. Chaque avancée et chaque difficulté conduisent à vouloir dépasser des limites antérieures. Il ne s’agira donc pas ici d’une pétition de principe mais d’affronter le passage à l’acte.

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« Le problème ça allait être les militants » Au cœur du laboratoire grenoblois

Depuis 2009, Le Postillon, journal autogéré et 100 % local, est un organe de presse « critique » qui concentre ses investigations sur la métropole grenobloise. Son fondateur, Vincent Peyret, a écrit un livre très documenté sur la municipalité rouge et verte menée par le maire de la métropole Éric Piolle. Le vide à moitié vert, aux éditions Le monde à l’envers.  L’Union départementale Solidaires Isère s’est entretenue avec lui.

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Etat espagnol : les syndicalistes et les mairies du « changement »

Depuis un peu plus d’un an maintenant, Podemos est associé au PSOE pour gouverner l’État espagnol. Podemos a plusieurs ministres dont celui du Travail et de l’économie sociale. Depuis 2015, des forces de gauche dites alternatives gèrent des villes importantes, notamment en Catalogne. Qu’en disent nos camarades syndicalistes ? Eléments de réponse d’un camarade de la Confederación General del Trabajo de Catalunya (CGT Catalogne).

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Brésil : la CUT et le gouvernement Lula

Au pouvoir au Brésil depuis 2003, le Parti des travailleurs (PT) aurait tenté, dit-on, d’harmoniser les intérêts de la « société civile » et du patronat, dans l’optique de combiner la lutte contre les inégalités sociales à la croissance économique. D’un côté, il oscilla entre une réforme agraire timide, la création de certains programmes de soutien aux plus démuni-e-s et des gestes mitigés en faveur des demandes syndicales. De l’autre, il reprit des pans importants de l’agenda néolibéral instauré par son prédécesseur, l’ex-président Fernando Henrique Cardoso. Constitué autour d’une volonté indéniable de s’appuyer sur l’entreprise privée et la flexibilisation du travail afin de stimuler l’économie du pays, le Brésil du PT en a surpris plusieurs. L’obéissance aux règles dictées par les institutions financières internationales, à commencer par le Fonds monétaire international, a conduit certains observateurs à qualifier le Président Luiz Inacio « Lula » Da Silva et son bilan gouvernemental de « social-libéralisme ».

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Le syndicalisme soviétique a-t-il existé ?

Lors du centenaire de la révolution russe, de nombreuses publications ont vu le jour, profitant de la distance avec cet événement décisif du XXe siècle, pour s’intéresser à différents aspects de l’histoire soviétique. Le sujet syndical est malheureusement trop souvent délaissé dans ces études. Pourtant, le syndicalisme, en Union soviétique et dans les pays placés directement sous son influence, a tenu rang de modèle pour plusieurs générations militantes partout dans le monde.

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Relations entre partis et syndicats : construire quelques garde-fous

La question du rapport avec les partis politiques est récurrente dans le mouvement syndical, avec, en toile de fond, la crainte d’une instrumentalisation des syndicats par les partis, dont ils seraient le prolongement, comme l’a été longtemps la CGT pour le PCF ou « des relations d’étreinte mortelle entre le mouvement syndical et le mitterrandisme », comme l’écrit Solidaires. Les risques sont donc identifiés : l’entrisme, l’affiliation, l’inféodation, les conflits d’intérêt, l’influence liée au manque de diversité, des conflits internes…

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