La guerre et sa préparation : un « oublié » de la réflexion politique
La guerre menée par la Russie en Ukraine a remis sur le devant de la scène médiatique l’industrie d’armement. Les États rivalisent dans les annonces d’augmentation de leurs dépenses militaires pour tenter de rassurer leurs opinions publiques inquiètes. Nouvelle course aux armements ou poursuite d’une politique ancienne ? État des lieux du paysage de l’armement.
Patrice Bouveret est cofondateur et de directeur de l’Observatoire des armements [1] et de la revue Damoclès. L’Observatoire des armements est un centre d’expertise indépendant créé en 1984 à Lyon. Il intervient sur deux axes principaux : le renforcement du contrôle démocratique de l’industrie et des transferts d’armement, et l’élimination des armes nucléaires ainsi que la reconnaissance de leurs conséquences pour toutes les victimes, notamment celles des essais nucléaires. Parmi ses dernières publications : Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique (avec Jean-Marie Collin), décembre 2021 et La guerre se fabrique près de chez nous. Les entreprises d’armement en Auvergne-Rhône-Alpes, par Tony Fortin et Patrice Bouveret, mai 2022.
[1] obsarm.org
Les questions de production et de transferts d’armement ne peuvent pas être isolées du contexte global de la mondialisation et du type de société dans laquelle nous vivons et agissons. De plus, pour les analyser, il est nécessaire de s’inscrire dans le temps long, car la durée de vie des armes se compte souvent en décennies, depuis la prise de décision de la fabrication à l’utilisation sur le terrain, puis à la mise à la casse. Les armes sont au carrefour de plusieurs enjeux contradictoires – industriels, politiques, commerciaux, syndicaux, médiatiques, etc. – , qui reflètent l’organisation du monde et l’état des rapports de force entre les nations. C’est un des principaux vecteurs par lequel un État exerce sa puissance… Voire même, à l’heure de la globalisation, un levier puissant entre les mains de quelques États pour garder la main dans la conduite du monde.
C’est d’ailleurs pourquoi il s’agit d’un domaine particulièrement opaque. En effet, il n’existe pas véritablement de définition commune au niveau international permettant d’avoir de réels outils de mesures et de comparaisons du secteur militaire au plan mondial. Du coup, nous disposons seulement d’estimations construites à partir des données fournies par les États eux-mêmes. Chaque pays à son propre périmètre de ce qui est considéré comme militaire ou civil, afin de pouvoir masquer certaines dépenses, ou au contraire en survaloriser d’autres.
Une mondialisation armée
Les données utilisées dans le cadre de cet article proviennent du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute [1]). Ce centre de recherche indépendant créé par le Parlement suédois en 1966, établit des bases de données qui sont les plus fiables et utilisées par une grande majorité de chercheurs et chercheuses. Alors que la fin de la guerre froide avait permis une décroissance des budgets militaires, celle-ci fut de courte durée puisque dès le début des années 2000 ceux-ci sont repartis à la hausse, comme le montre le graphique du SIPRI ci-dessous.
En 2021, le total des dépenses militaires mondiales est estimé à 2 113 milliards de dollars [2]. Ce montant correspond à l’ensemble des dépenses publiques effectuées par les États pour leurs forces armées et les activités militaires qu’elles conduisent, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les achats de matériel militaire et d’armes, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l’administration centrale, le commandement et le soutien, etc. Ces dernières sont très inégalement réparties entre les différents États de la planète et concentrées entre quelques grands acteurs de la scène internationale. En effet, les États-Unis représentent à eux seuls 38 % des dépenses militaires. En 2021, le Top 10 des pays concentrent 75 % des dépenses militaires mondiales (voir ci-dessous). Mais le manque de transparence de certains pays importants (notamment de la Chine, de l’Arabie saoudite, etc.) fausse les estimations qui peuvent être diffusées.
Top 10 des dépenses militaires en 2021 | ||
1 États-Unis : | 801 M$, | soit 38 % du total mondial |
2 Chine : | 293 M$, | soit 14 % du total mondial |
3 Inde : | 76,6 M$, | soit 3,6 % du total mondial |
4 Royaume-Uni : | 68,4 M$, | soit 3,2 % du total mondial |
5 Russie : | 65,9 M$, | soit 3,1 % du total mondial |
6 France : | 56,6 M$, | soit 2,7 % du total mondial |
7 Allemagne : | 56,0 M$, | soit 2,7 % du total mondial |
8 Arabie saoudite : | 55,6 M$, | soit 2,6 % du total mondial |
9 Japon : | 54,1 M$, | soit 2,6 % du total mondial |
10 Corée du Sud : | 54,1 M$, | soit 2,4 % du total mondial |
La production d’armement proprement dite, constitue environ un quart des dépenses militaires mondiales. En 2020, elle représentait 531 milliards de dollars, selon le SIPRI qui a créé en 1989 une base de données sur l’industrie d’armement. Il publie chaque année le Top 100 des entreprises qui recense les revenus de celles-ci issus des ventes de biens et de services à caractère militaires à des clients du secteur militaire, nationaux et étrangers [3]. Nous ne disposons pas encore des données pour 2021. La production d’armes a augmenté en 2020 de 1,3 % en terme réels, alors même que l’économie mondiale s’est contractée de 3,1 % à cause de la pandémie du Covid-19 qui a entraîné des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et des retards de livraison pour nombre d’entreprises. Les entreprises américaines représentent 54 % du total du Top 100, avec un montant de 285 milliards de dollars. Et comme le montre le graphique de la répartition par pays, la France occupe la 5e place. On retrouve dans le Top 100 les principales entreprises du secteur comme Airbus, Thales, Safran, Naval Group, Dassault, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et Nexter.
La production d’armement par les États est avant tout pour leur propre armée. Seule une partie fait l’objet d’exportation vers un autre pays : les armements dits conventionnels, à distinguer des armes de destruction massive (nucléaire, chimique et biologique), dont les exportations sont interdites par différents textes internationaux. De plus, il existe une importante zone grise en matière d’armement, qui échappe à toute visibilité. Ce sont nombre de composants à double usage, civil et militaire, ainsi que toute une partie du matériel dit de sécurité, servant au maintien de l’ordre, à la surveillance et au contrôle des populations. Face à l’impossibilité d’obtenir des données fiables, le SIPRI se garde bien de diffuser des montants financiers des transferts d’armes internationaux. Sa base de données reflètent le volume des livraisons sur des périodes de cinq ans, afin de permettre une comparaison entre les États et d’offrir ainsi une mesure la plus cohérente possible des tendances [4].
Transferts d’armement conventionnel, 2017-2021 | |
Top 10 des exportateurs | Top 10 des importateurs |
1. États-Unis : 39,0 % | 1. Inde : 11,0 % |
2. Russie : 19,0 % | 2. Arabie saoudite : 11,0 % |
3. France : 11,0 % | 3. Égypte : 5,7 % |
4. Chine : 4,6 % | 4. Australie : 5,4 % |
5. Allemagne : 4,5 % | 5. Chine : 4,8 % |
6. Italie : 3,1 % | 6. Qatar : 4,1 % |
7. Royaume-Uni : 2,9 % | 7. Corée du Sud : 3,7 % |
8. Corée du Sud : 2,8 % | 8. Pakistan : 3,0 % |
9. Espagne : 2,5 % | 9. Émirats arabes unis : 2,8 % |
10. Israël : 2,4 % | 10. Japon : 2,6 % |
Reste du monde : 8,2 % | Reste du monde : 45,9 % |
Forces nucléaires mondiales en 2022 | ||
Pays | Stock total 2022 | Coût estimé en 2021 |
États-Unis | 5 428 | 37,45 milliards d’€ |
Russie | 5 977 | 7,28 milliards d’€ |
Chine | 350 | 9,91 milliards d’€ |
France | 290 | 5,0 milliards d’€ |
Royaume-Uni | 180 | 5,76 milliards d’€ |
Pakistan | 165 | 0,96 milliards d’€ |
Inde | 160 | 1,94 milliards d’€ |
Israël | 90 | 1,03 milliards d’€ |
Total | 12 705 | 69,83 milliards d’€ |
À souligner dans cet état des lieux, la spécificité des armes nucléaires dont seul un nombre limité d’États en sont dotés, suite à l’entrée en vigueur en 1970 du Traité de non-prolifération (TNP). Qualifiées à tort « d’armes politique » ou « d’armes de non-emploi », elles font l’objet d’un traitement spécifique. Or elles jouent un rôle important dans le développement du complexe militaro-industriel, ne serait-ce que du fait de leur coût de fabrication. De plus, elles tirent l’industrie militaire vers le haut, en raison de l’exigence technologique et de sûreté qu’elles nécessitent. Seuls 9 États en disposent : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France), qui à l’époque avaient effectué un essai nucléaire et se sont alors engagés à négocier un désarmement nucléaire ; et quatre autres qui ont refusé d’adhérer au TNP (Israël, Inde, Pakistan et Corée du Nord). À souligner que suite à leur adhésion au TNP, 284 États (sur les 293 membres de l’ONU) ont renoncé à fabriquer de telles armes ; une arme nucléaire qui permet aux États qui la possèdent de bénéficier d’un instrument de puissance supplémentaire vis-à-vis de ceux qui ne l’ont pas. Et, contrairement au discours officiel à l’intention des opinions publiques sur la dissuasion sensée favoriser la paix, la bombe atomique permet à son possesseur d’intervenir militairement comme bon lui semble, comme le montre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, entraînant également une certaine retenue de la part des occidentaux dans leur riposte à cette agression.
« Zones grises » de l’armement
Ce tableau à grands traits du poids des armes ne doit pas nous faire oublier que le poids du militaire n’est pas seulement une question de pourcentage du budget ou de quantité de matériel militaire vendu ; d’autres éléments doivent être pris en compte. Notamment celui de son impact écologique, jamais mesuré et pris en compte dans le cadre du réchauffement climatique. Or les forces armées et l’industrie d’armement sont largement émettrices de gaz à effet de serre. Selon un rapport publié en 2020 à l’occasion de la Cop26, « le Département de la Défense des États-Unis a émis en 2017 des émissions de CO2 supérieures à celles d’un pays tel que la Suède (10 millions d’habitants) ». Où pour prendre le secteur militaro-industriel britannique, comparable à celui de la France, il « émet chaque année plus de gaz à effet de serre que soixante pays individuels, comme l’Ouganda (45 millions d’habitants) » [6]. L’Accord de Paris, adopté en 2015 lors de la Cop21, qui est toujours évoqué comme un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique, laisse aux gouvernements le soin de décider s’il faut ou non assigner un objectif de réduction à leurs forces armées. Résultat : les armées et les industries d’armement prennent effectivement en compte la problématique du réchauffement climatique. Mais pas pour réduire leur impact climatique – ou seulement à la marge, avec quelques panneaux solaires pour fournir l’électricité aux casernes ! Leur souci est de pouvoir continuer à faire fonctionner le matériel et le personnel dans un univers dégradé.
Il faudrait également analyser la confiscation de « matières grises », détournées de la production de biens communs au profit du militaire. D’autant que désormais les innovations majeures proviennent de centres de recherches civiles avant d’être confisquées par les militaires. Expliquer aussi comment la fabrication d’armement irrigue toute la société au travers non seulement de grandes usines, mais également de tout un réseau de petites et moyennes entreprises fabriquant des composants dont l’usage peut-être civil comme militaire. Ce qui vient brouiller la perception que les salarié·es peuvent avoir de la production de leur entreprise et donc en contester la destination finale. Une évolution qui s’inscrit également dans le renforcement du continuum « défense-sécurité » où les frontières entre l’intérieur et l’extérieur du territoire, ainsi qu’entre les systèmes de surveillance et ceux de répression, s’estompent. Le tout, sur fond d’évolution technologique, des drones à l’intelligence artificielle (IA). Il faudrait examiner aussi tout cet environnement médiatique, culturel, en faveur de la guerre au détriment d’une culture de coopération et de paix qui contribue à rendre invisible cette question de la militarisation et du contrôle des populations dans l’espace public et les interrogations que cela devrait susciter, obérant les outils de contrôle démocratique qui devraient être mis en place, notamment au sein du Parlement.
« Si vis pacem, para pacem »
En guise de conclusion – et comme le souligne en permanence les différents conflits qui ne cessent d’ensanglanter la planète -, nous nous inscrivons en faux par rapport à l’adage « Si vis pacem, para bellum », mis en avant par ceux qui justement tirent bénéfice du système de domination que permet la militarisation. Car la croissance économique est fondamentalement belliciste et repose sur la puissance militaire, notamment pour sécuriser l’approvisionnement en ressources premières toujours plus importantes. Un constat qui n’est pas nouveau. La création des Nations unies, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, reposait déjà sur ce même bilan. La charte de l’ONU – qui reste notre boussole à nous, les peuples – contient un article, le 26ème, extrêmement clair et précis : la paix ne sera possible qu’« en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde ». Et il charge le Conseil de sécurité « d’établir un système de réglementation des armements ». Or les cinq membres permanents du Conseil de sécurité disposant du droit de veto – comme le montrent les données ci-dessus – ne cessent d’investir dans l’armement. Ils représentent à eux seuls plus de 60 % des dépenses militaires et environ 77 % des exportations d’armes dans le monde tout en étant les principales puissances nucléaires.
France : vers une « économie de guerre »
Si on établissait un ratio par habitant, les Français·es se retrouveraient facilement aux premières places dans les différents palmarès, que ce soit en termes de dépenses militaires ou de transferts d’armement. Une situation qui perdure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la mise en place de la Ve République, laquelle s’est appuyée sur son industrie militaire et le nucléaire militaire et civil pour assurer son développement économique (« notre » niveau de vie) et sa place dans le monde. « Un pays qui n’a pas d’industrie de défense est amputé » avait d’ailleurs souligné Jean-Yves le Drian, dès 2012, lors de sa première conférence de presse en tant que ministre de la Défense ! C’est pourquoi – d’abord comme ministre de la Défense lors de la présidence de François Hollande et ensuite comme ministre des Affaires étrangères lors de la première présidence d’Emmanuel Macron -, il n’a eu de cesse de développer les exportations d’armements, avec un certain succès d’un point de vue financier redonnant à la France sa troisième place sur les palmarès des exportations qu’elle avait perdue. Avec comme contrepartie que la France s’est retrouvée impliquée dans les principaux conflits, tout particulièrement au Moyen-Orient, que ce soit en Égypte ou au Yémen comme fournisseur des principaux protagonistes de la coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite.
Lors de son allocution aux armées, le 13 juillet 2022, le président Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle amplification de l’effort d’investissement en leur faveur. Dans la loi de programmation militaire 2019-2025, il était déjà prévu de porter le budget de l’Armée française à 50 milliards d’euros dès 2025 (alors qu’il est de 41 milliards en 2022). Un montant qui ne regroupe pas l’ensemble des dépenses militaires de la France, dont certaines sont camouflées à l’intérieur d’autres budgets, comme ceux de l’industrie, de la recherche, etc. Pour cela, il a avancé d’un an la préparation de la nouvelle loi de programmation, pour mettre en place cette « économie de guerre », qu’il justifie en s’appuyant sur la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine « pour mieux assurer notre capacité à faire face à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité ». Une augmentation des financements qui va bénéficier pour une large part à l’industrie d’armement. Un mouvement qui s’inscrit également dans une dynamique européenne, où la Commission européenne table sur le choc provoqué par l’invasion de l’Ukraine, pour renforcer une militarisation qui peinait jusqu’alors à se mettre en place, malgré plusieurs plan de coopération entre les vingt-sept États membres pour accélérer le processus de constitution d’une base industrielle de défense et de sécurité européenne.
Mais comment agir pour réduire l’impact de la militarisation ? Une seule « leçon » émerge dans les médias depuis le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine : le renforcement de la militarisation et la relance de la course aux armements. Un engrenage qui ne peut déboucher sur une véritable paix durable, mais qui porte en lui les germes de futurs conflits. Comment résister ? Comment peser pour la mise en place d’un cessez-le-feu le plus rapide possible ? Comment appréhender l’irruption d’un événement guerrier ? Et surtout, quelles réflexions avancer pour que la notion d’agir pour le désarmement ne soit pas oubliée à l’heure où « faire parler les armes » semble la seule perspective désirable ?
Or, « il est rare que nous fassions le lien entre notre mode de vie et les guerres en cours. Peut-être parce que nous nous sentons impuissants, dépourvus de moyens d’action sur ce sujet ? » interroge Tony Fortin [7]. Pourtant des pistes existent à partir du moment ou des individus, des groupes s’emparent du sujet et ouvrent le débat, interpellent les médias, les parlementaires. Il serait important de réfléchir collectivement aux différentes possibilités de reconversion des industries d’armement et de surveillance vers des systèmes conduisant à l’amélioration du vivre ensemble dans un monde durable. Cette démarche ne peut être isolée d’un changement profond des priorités de nos sociétés. De fait, la reconversion de l’industrie d’armement ne peut s’inscrire que dans une remise en cause de notre « niveau de vie » et une modification totale de notre système de production et de consommation en le faisant basculer d’une logique de compétition et de concurrence à une dynamique de partage par la coopération et la justice.
⬛ Patrice Bouveret
Agir pour désarmer
Face à l’ampleur de la militarisation, nous nous sentons souvent bien démuni∙es. Encore plus une fois que la guerre est déclenchée. C’est pourquoi il est important d’agir également au niveau de la préparation de la guerre. Une petite revue d’actions possibles. Il y en a pour tous les goûts. Toutes ont leur utilité : agir à l’échelle locale comme nationale est important. Place à l’imagination. Sans mobilisation citoyenne, il n’y aurait pas eu d’avancée comme, par exemple, le traité sur l’interdiction des mines antipersonnel, celui sur les bombes à sous-munitions ou plus récemment le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Il est vrai qu’obtenir des avancées demande un investissement sur un temps long. D’où l’importance d’être nombreux et nombreuses ! Mais c’est possible.
Se renseigner et faire circuler l’information
Pas besoin d’être un∙e expert∙e pour agir. De nombreuses informations sont disponibles. Regroupez-vous à quelques-un∙es dans un collectif ou rejoignez un groupe pour leur proposer d’organiser un débat, une séance de cinéma, une exposition. Pour cela, vous pouvez vous appuyer sur les mairies, les MJC, les cinémas, des associations locales (de solidarité internationale, de développement…), ou des collectifs (écologie, gilets jaunes…). La plupart des journaux ont une rubrique « Courrier des lecteurs », il faut l’utiliser pour réagir à l’actualité et manifester nos questionnements sur telle ou telle vente d’armes, interventions de l’armée… De même au niveau des radios, ne pas hésiter à téléphoner ou envoyer des courriels.
Interpellez vos parlementaires
Écrire ou prendre rendez-vous avec le ou la député∙e ou le sénateur/trice de sa circonscription. On trouve facilement leur coordonnées sur le site de l’Assemblée nationale, du Sénat ou même à la mairie. Ce sont nos représentant∙es, ils et elles doivent rendre compte de leur mandat. Sont-ils/elles prêt∙es à se positionner en faveur d’un contrôle parlementaire des transferts d’armements ? En faveur de l’élimination des armes nucléaires ? À poser des questions au Parlement sur le sujet ? Interpellez-les.
Existe-t-il des industries d’armement dans votre région ?
Si oui, cela peut être utile d’engager un dialogue avec les syndicalistes ou plus globalement les salarié∙es, et de tracter à la sortie des entreprises… Comme l’industrie française d’armement recourt à beaucoup de sous-traitants, des sociétés issues du domaine civil travaillent également sur des projets militaires. N’hésitez pas à poser la question autour de vous ! De même, votre région, votre mairie, peut leur octroyer des aides financières, sous couvert de favoriser l’emploi et sans se préoccuper de l’usage final des produits fabriqués. Pour le savoir, prenez contact, par exemple, avec les élus locaux en charge des finances ou des entreprises.
L’Observatoire des armements peut vous aider
Sur notre site — www.obsarm.org — vous trouverez des données, des argumentaires. Vous pouvez aussi venir consulter la documentation de l’Observatoire si vous habitez la région lyonnaise, préparer le débat avec nous, nous inviter à intervenir, utiliser un documentaire, un film comme support au débat.
[1] sipri.org
[2] Cf. le communiqué du SIPRI en date du 25 avril 2022, disponible en français sur www.obsarm.info/spip.php?article381
[3] Cf. communiqué du SIPRI en date du 5 décembre 2021 sur le Top 100 des entreprises d’armement : www.obsarm.info/spip.php?article368
[4] Cf. le communiqué du SIPRI en date du 13 mars 2022, disponible en français sur www.obsarm.info/spip.php?article378
[5] icanfrance.org
[6] « Le secteur militaire toujours dispensé d’efforts pour le climat », Reporterre, 4 novembre 2021.
[7] « Ventes d’armes et logique de croissance : même combat », La Décroissance n° 193, octobre 2022.